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Analog / Cuba

Aux confins des terres de la Vallée de Viñales.

Gagner les terres pour s’y engouffrer et y découvrir la Vallée de Viñales. Viñales a cette particularité qu’ont bien d’autres destinations, celle d’avoir deux visages, deux facettes. Celle de se découvrir tant au coeur de son village, qu’aux confins de ses terres, de ses Mogotes.

La Vallée de Viñales.

La Vallée de Viñales, Cuba

  • El campo !


Peu après notre arrivée chez Maritza, nous n’avions pas hésité à délaisser guides et cartes emmenés jusque là, afin de se laisser porter par nos sens, là où le son de la musique nous attirerait, là où nos yeux seraient au prise de la curiosité, jusqu’au fin fond de la Vallée de Viñales s’il le fallait. Nous n’avions que quelques pas à faire pour nous retrouver à fouler des chemins de terre d’ocre et y fondre la couleur initiale de nos chaussures. Quelques mètres à peine avant que les champs de bananiers ne nous dépassent de quelques têtes. Quelques foulées pour voir le village nous tourner le dos et disparaître quelque peu pour voir s’élever face à nous l’immensité du Campo !

La Vallée de Viñales, cuba La Vallée de Viñales, cuba

La curiosité nous attise et nous guide jusqu’à ce champ et ces quelques constructions sommaires, ces chevaux sous l’arbre et ce groupe d’hommes qui s’affairent. Je reste ébahie devant une petite casemate qui ne paye pas de mine (à peine 4m sur 2m), ou l’on aperçoit en s’approchant sous l’une des fenêtres le long d’un mur, un vieux lit en fer rouillé (ou l’on devine aisément qu’ils viennent s’y reposer lorsque la chaleur est trop intense et l’ouvrage trop fatiguant) faisant face au centre de l’unique pièce…à une moto quasi flambant neuve !! Les cubains sont pleins de paradoxes ! Je repense instantanément à cette vision à La Havane de ces maisons qui manquent de s’effondrer par la vétusté des murs et des plafonds et où trône des téléviseurs écran plat dernier cri !

On s’avance à tâtons, sous le regard un brin perplexe de ce groupe d’hommes. On reconnaît non loin une casa tobacco et M. esquisse quelques mots d’espagnol sous le regard qui s’adoucit de ces hommes, comprenant notre simple curiosité et désir de découvrir. Les regards échangés sont étranges, comme si nous réalisions mutuellement que nous venions de deux mondes à l’espace temporelle si grand. Ils nous regardent débarquer sur leur terre en “touristes” et on les regardent en train de cultiver cette dite terre avec ces outils digne du moyen-âge ! Drôle de souvenir :) J. immortalisera d’ailleurs cette photo de l’un des hommes juste au sortir du champ avant qu’il ne disparaisse.

Nous ne connaîtrons pas le nom de cet homme, au visage bourru par les années et par ce soleil, au regard timide et un brin gêné par tant d’attention pour son quotidien qui lui semble anodin mais qui nous, nous fascine. A demi-mots il nous raconte son exploitation, cette casa tobacco qu’il a construit. Bien plus que l’histoire en elle-même que l’on entendra à nouveau par la suite, je retiens de cette homme ce visage si expressif et tout ce qu’il dégageait par sa gestuelle silencieuse. Ô oui j’en retiendrais cela et me le remémore aujourd’hui avec joie à travers le portrait que J. a tiré de lui. Tant son regard en dit long. Tant je ne peux m’empêcher de sourire en voyant son t-shirt !

  • Caballo !


La Vallée de Viñales, cubaLa Vallée de Viñales, cuba

Si Cuba devait se résumé en un mot entre nous, en blague, ce serait sans hésiter ce mot là, ou plutôt l’expression orale qui l’accompagne : Caballo ! Pour la petite histoire, on s’était juré que si nous allions à Cuba, nous nous débrouillerions pour faire une excursion à cheval. Non seulement, car le cadre de la Vallée de Viñales s’y prête parfaitement, mais aussi parce que M. est une férue de cheval, et que pour ma part, je gardais un bien joli souvenir d’une balade en Camargue quelques années auparavant, et quoi de mieux pour découvrir une région que de le faire à cheval également !

Un beau matin aux aurores, nous avons retrouvé Tito, un ami de Maritza, pour chevaucher respectivement : Negrito pour J., Caramelo pour M., Chocolaté pour Tito et enfin (cuba oblige, haha!) Mojito pour moi; le tout, pour une balade de près de 5h, au coeur du campo. Si nous n’avons cessé de nous émerveiller tout du long, nous n’avons cessé également de rire aux éclats en entendant Tito s’écrier à longueur de matinée “cabaaaaaaaalloooooo” à chaque fois qu’il reprenait son cheval qui ne l’écoutait pas !

 

 

La Vallée de Viñales, cuba

La Vallée de Viñales, cubaRaphael, Vallée de Viñales, cuba

Il était incroyable de découvrir le campo au petit matin, avec cette brume qui nous occultait toute vision lointaine. Tito nous conduisit à la casa tobacco de son oncle Raphael qui nous conta à nouveau l’histoire d’une telle casa, de la production de tabac  (qu’au final, seul 10% de sa production lui revient, le reste soit 90%, revient à l’État). Raphael est un sacré personnage et M. se laissera tenter par tester un vrai cigare cubain fait sous nos yeux. Elle parviendra même à faire les yeux doux à Raphael et ce dernier lui offrira un cigare avant de repartir (ne désirant pas en acheter un paquet entier, mais juste un pour le souvenir). Outre ce moment de culture et d’immersion, je retiendrais l’expression de Raphael lorsque je lui ai demandé de lui tirer le portrait avec mon instax et ses yeux qui se sont écarquillés lorsqu’il s’est vu apparaître progressivement sur ce dernier au moment ou il s’est révélé ! C’était drôle. Tito et lui n’en revenait pas.La Vallée de Viñales, cubaLa Vallée de Viñales, cuba

La brume s’est dissipée à mesure que la matinée se déroulait, nous laissant apercevoir la grandeur et la majesté de ce campo, de ces Mogotes au coeur de la Vallée de Viñales que nous apercevions de-ci de-là, au gré de quelques arrêts par-ci par-là, sans oublier le rituel du verre de jugo de piña ! Je me souviens de cette cabane qu’ils étaient en train de construire. M. et moi étant étudiantes à l’époque en Conservation du patrimoine bâti, nous n’avons pu nous retenir d’aller rencontrer ce groupe d’hommes et d’y découvrir leur savoir faire. Si M. n’a pu refuser l’invitation de l’un d’eux à grimper au sommet, je suis restée encrer au sol à regarder ébahie cet homme travailler, assis sur deux poutres de bois avec sa jambe dans le plâtre ! Ca semblait juste surréaliste !

La Vallée de Viñales, cubaLa Vallée de Viñales, cubaLa Vallée de Viñales, cubaLa Vallée de Viñales, cuba

La Vallée de Viñales, cubaLa Vallée de Viñales, cubaLa Vallée de Viñales, cubaSi les 5h de balade à cheval sont passées en un claquement de doigt, si je suis tombée amoureuse de mon petit Mojito et fut bien triste de le quitter le moment venu, et si Tito a été à notre écoute malgré notre refus de s’arrêter à l’une des attractions phares de touristes (compte tenu du fait que ce n’était pas ce que nous cherchions); je vous recommanderai sans hésiter si vous vous rendez à Cuba de faire une balade à cheval tant ça vaut le coup, et tant ce n’est pas si cher. Avec Tito, cela nous a couté 25 pesos (5p/heure). Néanmoins, je vous recommanderai chaudement de partir avec José, si vous parvenez à le trouver non loin de sa maison près de la Calle Salvador Cisneros. Nous l’avions rencontré par hasard (après avoir dit oui à Tito en passant par Maritza), et nous avions finalement un peu regretté de ne pas avoir fait l’excursion avec lui, car le lendemain M. passa la journée entière avec lui et de ce qu’elle nous raconta, ce fut véritablement ce que nous étions venu cherché ! Qui plus est, il est même (de mémoire) moins cher ! Alors si vous le croisez, ce José, cet homme passionné par sa région, ce campo, foncez et partez avec lui à cheval. :)La Vallée de Viñales, cubaLa Vallée de Viñales, cuba

  • Los Mogotes !


Après avoir fait près de 5h à cheval le matin, et comme bercés par l’adrénaline de cette belle découverte de la Vallée de Viñales (et surement par celle de l’insouciance et l’inconscience!), on décide l’après-midi de poursuivre l’exploration de cette vallée dont on attend et espère tant encore. Sous un soleil de plomb on se met en marche et ne sommes mêmes pas effrayés par 4 ou 5km qui nous séparent du lieu que l’on convoite.

La Vallée de Viñales, cuba

Nous aurions pu prendre un taxi ou l’une de ces nombreuses charrettes, mais non. Nous voulions marcher (inconscients, sous cette chaleur!! haha), et bien grand mal nous a pris, lorsqu’en longeant la route principale et dès lors que nous avions quitté le village, nous avons découvert un tout autre paysage, plus charmant à chaque nouveau pas que nous faisions. Ces petites montagnes rocheuses, Mogotes, qui se font de plus en plus présentes à mesure que nous gagnons le coeur de la Vallée de Viñales, des champs, ces casas de plus en plus éparses et ce soleil qui vient raviver leurs couleurs. On se croirait presque dans un décor de film tant le lieu est éblouissant et photogénique. On oublie la chaleur écrasante pour laisser nos yeux s’accrocher et s’écarquiller à ce paysage sublime qui s’esquisse devant nous.

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Nous visions la Murale de la Préhistoire, mais en sommes tellement déçu en l’apercevant au loin que nous ne prendrons même pas la même de nous y rendre au plus près, préférant se laisser happer par ces Mogotes qui nous entoure dès lors, et guider par ces petits sentiers qui serpentent jusqu’à un promontoire.

  • El mirador !


La Vallée de Viñales, cuba

Nous voici désormais à pénétrer aux confins des terres de la Vallée de Viñales, au coeur des Mogotes, cerclés par ces derniers. Le soleil se fait de plus en plus rasant, à mesure que nous gagnons le sommet et parvenons à ce mirador. Nous arrivons à ce dernier au moment opportun, pour un coucher de soleil des plus inoubliables. On grimpe les derniers pas et en se retournant, on se retrouve tous les trois sans voix. Voilà ce que nous voulions voir…c’est incroyablement beau. Le décor est planté et illuminé par cette douce et chaude lumière de fin de journée. En une fraction de seconde, en un battement de cils, on n’oublierait presque que nous sommes bel et bien à Cuba, tant le paysage qui s’offre à nous, ressemble à celui du Vietnam ou au Cambodge.

La Vallée de Viñales, cuba

On se pose un long moment dans l’herbe pour se remettre de cette petite rando, de ces quelques kilomètres effectués par ce ciel limpide et ce soleil brulant; et surtout, pour profiter de ce spectacle, de ce calme plat, de cette vue à 360 degrés sur la Vallée de Viñales. M. ne résiste pas et se délecte d’un jus de coco frais, et je ne peux réprimer un rire en immortalisant cet instant et voyant la taille de la coco aussi grosse (si ce n’est plus!!) que sa tête. Entre deux gorgées et deux photos, nous rencontrons Malt, un jeune homme originaire d’Allemagne qui vit à Bruxelles et étudie en hollandais, mais qui est en ce moment même en échange en Colombie et voyage à Cuba depuis 9-10 jours. Nous ferons un petit bout de chemin retour avec lui en redescendant, mais ce qui est drôle c’est que 2 jours plus tard M. le retrouvera dans son bus pour La Havane. Joli fruit du hasard ou du destin, au choix !

La Vallée de Viñales, cuba

La nuit tombe de plus en plus lorsque nous parvenons à regagner la grande route, laissant derrière nous ces chemins de terre et ce petit écrin de paradis qu’est la Vallée de Viñales. On avance à la lueur de la lune et des rares phares de voiture, car ici, avoir ses feux en règle sur sa voiture est aussi rare que l’éclairage urbain ! C’est dire ! Quelque peu fatigués par cette longue journée et amoché pour J., on finira par se laisser prendre au jeu du “taxi local” négociant ardemment 5 pesos. Cette fois-ci nous aurons le droit à…la charrette microscopique tirée par un cheval (et sans lumière bien entendu) où l’on tient à peine à 4 dedans (c’est vous dire la taille de celle-ci!). Cette dernière nous permettra de gagner l’entrée du village mais pas plus, car la police patrouillant, le “conducteur” de cette dernière ne peut se risquer à rentrer au village sous peine de se faire arrêter. Qu’importe, cela nous arrange et fait les affaires de J., en écourtant son calvaire pour regagner la maison. En effet, le matin même, Negrito (son cheval) étant une vraie tête de mule, en croisant dans un chemin très étroit et escarpé une charrue de boeufs, ce dernier a jugé bon de ne pas se serrer (malgré les tentatives de J. !). Verdict ? Le genoux de J. a tapé en plein dans le joug lui conférant une jolie inflammation et un beau bleu. (sans parler des jugerons auxquels à eu le droit Negrito!). Je soupçonne ce dernier de s’être marré en douce ! haha.

Heureusement, plus de peur que de mal, n’entachant en rien le doux souvenir de cette incroyable journée au coeur de (l’incroyable!) la Vallée de Viñales, mais agrémentant (pour mon plus grand plaisir!) la rubrique “anecdotes de voyage!” de mon carnet. :)

Canon AE-1. Porta 160 iso, Fujicolor C200 (périmée) & Instax.

 

 

 

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