Tu m’avais dit Vancouver, les Rocheuses, Jasper, Calgary… Oui, on s’était dit la côte ouest canadienne. Après un an passé à l’Est pour moi, il était plus que temps d’aller jeter un oeil à l’autre bout du pays, d’en découvrir une nouvelle facette, une nouvelle couleur de sa riche palette. Au fil des recherches, on a vu les prix grimper pour finir par s’envoler. Petit à petit, on a rayé l’idée sur le papier à mesure qu’on la gommait dans nos têtes, nos envies et nos rêves. On la voulait cette côte ouest, mais la canadienne ne nous voulait pas, pas maintenant. On s’est alors mis à penser au Vermont, au Maine, plus près géographiquement…et puis on s’est finalement dit un beau matin, et si la solution n’était pas de passer la frontière ? A défaut de la côte ouest canadienne et de l’intérieur de ses terres, et si on allait voir la côte ouest américaine et ses terres ?
On a regardé, comparé, planifié, réservé. On voulait rallier Seattle à San Francisco. Tu rêvais de voir cette côte de l’Oregon, tandis que je rêvais d’apercevoir la richesse de ses terres. On coupe la poire en deux, et ferons une boucle au départ de Seattle. On Préfère profiter au mieux de ces trois semaines de road trip, plutôt que de faire la course aux miles sans finalement voir grand chose, les vivre, les (res)sentir tels quels
Le plan de vol est tracé, ce sera un long vol pour réduire au mieux le prix. On en verra des avions, on en foulera des tarmac d’aéroports, mais qu’importe. Montréal-Chicago-Portland-Seattle & Seattle-Calgary-Ottawa-Montréal. C’est un peu comme un jeu de piste, on savoure chaque halte, chaque vue aérienne. On se souviendra longtemps de cette vue sur la trame vernaculaire de Chicago, ses buildings et ses banlieues bien rangées; de cette lumière de fin de journée, qui irradie le hall de l’aéroport de Portland, ou encore de cette toute petite salle d’embarquement juste avant de monter dans le dernier avion pour Seattle; de cet orage majestueux à l’aéroport de Calgary au retour, avec la crainte de ne pas pouvoir décoller tant les éléments se déchaînaient.
On esquisse une carte, un trajet idéal. Les points clefs sont là, on avise en fonction d’eux, on peaufinera sur la route une fois le moment venu, au gré de la météo, de nos coups de coeur ou non. Nous ne pensions pas passer autant de temps à ce fameux pont, au sommet de ce cratère, ou encore fuir comme la peste Portland pour lui préférer les paysages de la côte. On ne pensait pas faire tant d’écarts dans les terres, mais il y avait tant de belles choses à voir, qu’on ne pouvait décemment pas passer à côté…Crater Lake, Painted Hills, Lake Cushman et tant d’autres. On pensait remonter rapidement au retour en prenant la voie rapide entre Portland et Seattle, et puis finalement, la morosité de fin de voyage à eu raison de nous, on a voulu étirer encore un peu ce beau voyage, mon coup de coeur pour l’intérieur des terres aussi, et voilà comment on est rentré à Seattle le long des petites routes de l’état de Washington, en passant et s’émerveillant par le Mont Rainier National Park et se rendant compte à côté de quoi nous serions passés, si nous avions choisi la voie de la facilité. On s’est pris au jeu d’aller voir tous les phares de l’Oregon, 12 au total; et à l’exception d’un seul (inaccessible car au large), nous aurons tenu notre pari un peu loufoque, improvisé à Astoria, au centre d’infos en prenant de la documentation pour l’état de l’Oregon et découvrant ainsi leur existence. :)
On a envoyé quelques mails par ci par là, on a fixé une date avec S. & J. pour se rencontrer dans les environs de Portland, planifié une virée en mer avec Captain Jim pour aller voir les orques, réservé les deux premières nuits de Motel en arrivant à Seattle; et puis finalement sommes passés par AutoEscape pour la voiture et la louer avec Alamo. On se souvenait de cette belle expérience au Mont Mégantic quelques mois plus tôt, de cette chouette voiture que l’on avait eu avec eux, et que nous convoitions secrètement pour ce voyage ci. Je nous revois, impatients comme des gosses de huit ans devant le comptoir de la compagnie, à plaisanter avec le gars, et voir mes yeux s’écarquiller quand je l’entends prononcer le nom de la voiture. Ô oui, je nous revois nous ruer au parking de l’agence, récupérer les clefs et chercher à la hâte notre voiture. La joie est immense, lorsqu’on la découvre, flambant neuve, d’un rouge bordeaux éclatant. Tu l’as voulais noir, ou blanche, mais finalement tu finiras par l’apprécier ainsi ! Une Chrysler Town and County, notre maison désormais pour les deux prochaines semaines…le rêve ! Notre bonne étoile a un nom, Troy; là tout de suite je voudrais lui sauter dans les bras et le remercier d’avoir pris note de notre dernier mail et de nous avoir fait monter exprès de l’aéroport cette voiture que nous voulions tant, avec en bonus un gps. Ô que oui, j’aurai voulu qu’il voit à quel point ce voyage ne pouvait être désormais que parfait, grâce à cette voiture par-faite. Ô que oui, nous allions être vraiment bien avec elle. ♥
Nous rêvions de ce road trip, de ces trois semaines de liberté à sillonner le pays, ces deux états et même un petit bout du nord de la Californie. Tu en avais des images en tête avant d’y mettre les pieds, alors que la mienne en était totalement vierge. Je m’imaginais une région rincée par la pluie à longueur d’année. Oui, je l’imaginais d’un vert éclatant, aussi prononcé que celui de l’Islande. Oui, je n’avais que des points d’interrogations pour ce voyage qui se sont peu à peu dissipés au fil des jours. Deux semaines à vivre dans une voiture, à n’avoir que pour port d’attache cette dernière. Une habitude pour toi, un souvenir de ces six mois en Australie, mais une grande première pour moi. Je t’ai dit « ok » sans vraiment savoir dans quoi je m’embarquais, sans soupçonner un seul instant que j’affectionnerais à ce point ce mode de voyage, à quel point je m’y retrouverais, me complairais dans cette soif de liberté. Choisir de larguer les amarres quand bon te semble, décider de la vue que tu voudrais au petit déjeuner; s’harnacher à un lieu ou tu ne pensais que passer en coup de vent. Oui, cette liberté là de pouvoir écrire un voyage au jour le jour, à la minute. Choisir de prendre telle route, d’aller à tel endroit, d’y rester ou non, de poursuivre ou de dévier. Choisir pour profiter/savourer, le plus simplement du monde, parce qu’on sait d’avance que personne ne nous attend, qu’il n’y a pas de check-in/check out à faire. On aura toujours trouvé porte ouverte pour se stationner et dormir; on sera devenu les rois des State Park dans l’Oregon !
Oui, nous en rêvions de ce road trip sur la côte ouest américaine, et pour la première fois de ma vie, je choisissais de l’immortaliser uniquement à l’argentique sans aucun filet de secours. 3 appareils et une vingtaine de pellicules. Un choix osé, qui induit d’accepter des concessions, comme celle de choisir ses photographies sans déclencher à tout va, de les oublier au fur et à mesure car on ne les re-regarde pas une fois le soir venu, allongé dans le lit, et donc penser qu’on a pris cela en photo avant alors qu’en fait non, pas tant que ca; celle de ranger l’appareil une fois la lumière tombée (bien qu’à iso50 ou 160, je persiste à m’entêter à toujours trouver le moyen d’en faire une ou deux!), de profiter bien plus et ne pas rester l’oeil vissé derrière l’œilleton…Accepter l’aléas qu’impose la photographie argentique, comme le fait d’attendre impatiemment le développement d’une pellicule, car on se souvient des 36 photographies que l’on y a immortalisé, qu’elles nous sont chères car les lieux étaient magiques, les moments incroyables, les anecdotes drôles…mais découvrir à l’arrivée, qu’on en verra jamais le rendu tel qu’on l’attendait, qu’on se l’imaginait; parce que et d’une, la pellicule est périmée, il y a donc du grain et des couleurs passées; et de deux, un certain J. a oublié en me la donnant, qu’il l’avait déjà shooté plusieurs mois auparavant. Alors oui, sur le coup il y a la frustration et la désillusion. On se demande si c’est bien raisonnable d’arborer une position photographique aussi radicale. On re-regarde ces nouvelles photos, on parvient à distinguer ses propres photos, à les raccrocher aux souvenirs qu’on en a gardé au moment de déclencher; et puis on se souvient avec le sourire, que c’est pour cela aussi qu’on a fait ce choix, pour cette raison que l’on aime cette photographie argentique; pour ses aléas et son côté imprévisible ♥ (Vous verrez dans l’intégralité cette dite pellicule à la fin du carnet de voyage, d’ici quelques semaines :) )
Alors oui, je me suis jetée dans le grand bain argentique sans regrets, si ce n’est des tout petits. Avec le recul, je m’aperçois de ce à côté de quoi je suis passée, ce que je n’ai pas assez pris en photo. Qu’importe, je prends note précieusement et n’hésiterai pas un seul instant à retenter l’expérience pour le prochain voyage, car je sais désormais, plus que jamais, que j’ai trouvé ma voie, que c’est cette photographie là et aucune autre qui me correspond; et Dieu que c’est bon, après toutes ces années de pratique, de se trouver enfin, et de sentir la hâte nous gagner pour remettre cela très vite, à l’idée de retrouver ce sentiment, de le sentir s’enraciner plus que jamais en soi, comme une certitude… :)
Trois semaines de road trip immortalisées dans mon carnet de bord, au cuir tanné par les aventures. Les pages blanches de papier recyclées auront réussi à toutes être noircies à l’encre noire. Beaucoup de récit, quelques adresses, de nombreux sentiments et anecdotes notés à la va-vite sur le moment, un joli tableau avec les moindres dépenses. Un carnet qui n’a cessé de grossir au fur et à mesure du voyage sous peine d’en venir à se fermer difficilement, à force de garder, d’y accumuler tous ces souvenirs matériels, ces billets d’avion, ces petits tickets de state park, cette carte avec son joli mot, ces feuilles tamponées « Redwood National Park » et j’en passe. Trois semaines intenses que j’ai tenté au mieux d’emmagasiner dans ce carnet de bord, tandis que tu les enregistrais visuellement. Trois semaines condensées en à peine plus de 3 min, et qui sont à l’image de ce que nous avons vu et vécu, quelque chose de Grand, d’Imprévu, de Surprenant, le tout, Intensément. ♥
Le nouveau Carnet de voyage Pacific Northwest road trip, s’entame ! Chacune des photographies ci dessus à une histoire, un souvenir auquel se raccrocher. Et il y en a tant d’autre à vous montrer ! Un petit avant goût, avant vendredi. Le récit commencera par une première escale à Seattle. Serez vous là ?!
21 Comments
Itinera Magica
5 décembre 2015 at 7 h 23 minJ’ai découvert ton blog grâce au magazine As you like, et j’en suis ravie. Superbe blog habité par une sensibilité vibrante, j’aime énormément… Félicitations. Je continuerai à te lire.
Vagabondanse
9 décembre 2015 at 23 h 33 minOh merci beaucoup !! Bienvenue par ici alors :) Un nouveau carnet de voyage va arriver tout bientôt alors il va y avoir un peu de lecture !
Julie Blogtrotteuse
4 septembre 2015 at 10 h 37 minWow, j’ai été envoûtée par ta plume ! Tu écris tellement bien… Tu m’a transportée avec toi dans les joies et les surprises de ce roadtrip, dans ton bonheur.
Et tes photos sont magnifiques ! Je n’ose pas encore me lancer dans l’argentique, je ne m’en sens pas capable. Et quand je vois tes photos, je me dis qu’il faut effectivement encore attendre un peu, que ma technique se perfectionne…
Merci en tout cas pour ce billet qui m’a transportée !
Julie Blogtrotteuse
4 septembre 2015 at 16 h 13 minJe n’avais pas encore regardé la vidéo, c’est maintenant chose faite… Elle respire l’amour et le bonheur, j’en suis toute émue… Bravo, et bonne route à vous deux !
Vagabondanse
9 septembre 2015 at 19 h 59 minTu es adorable Julie, merciiii :) <3
Vagabondanse
9 septembre 2015 at 19 h 32 minMerci à toi Julie, ton commentaire me touche sincèrement ! :) L’argentique est un exercice quelque peu ardue, qui ne se pratique pas aussi facilement que le numérique. On n’a moins le droit à l’erreur :) Mais, c’est aussi une belle manière d’apprendre, alors si tu as l’occasion de t’y frotter n’hésites pas !
sabrina
13 mars 2015 at 22 h 49 mintes photos sont tout simplement sublimes.
Vagabondanse
14 mars 2015 at 18 h 07 minMerci beaucoup Sabrina !! Bienvenue par ici :)
Benoit
24 février 2015 at 22 h 30 minWow ! Je découvre tout juste ton blog et j’en suis encore bouche bée. Les photos sont magnifiques, les mots qui vont avec encore plus. Je n’ai pas eu le temps de parcourir tous les posts mais je vais certainement prendre le temps de le faire. Je viens de démarrer un blog avec ces deux idées toutes simples : j’aime prendre des photos et écrire. J’ai trouvé le meilleur exemple de ce à quoi ces deux idées peuvent mener. Merci pour cette véritable claque artistique !
Vagabondanse
27 février 2015 at 18 h 16 minQuel message ! Que répondre à cela ? Merci beaucoup Benoit, je suis on ne peut plus touchée, sincèrement. J’espère que tu parviendras à mener à bien ces deux idées qui te tiennent tant à coeur. Quand on fait cela avec passion et envie, le résultat ne peut qu’être au rdv :)
MERCI !
olivier
2 février 2015 at 15 h 35 minLa vidéo est sublime ! Et je ne parle pas des photos. Tout est vraiment magnifique. Je vois que ce roadtrip a été fabuleux :)
Vagabondanse
2 février 2015 at 17 h 30 minMerci beaucoup Olivier ! Ton commentaire me fait chaud au coeur :) Ô que oui, ce roadtrip a été on ne peut plus fabuleux !! Et je suis contente si la vidéo et les photos lui rendent justice :)
Katia
20 octobre 2014 at 9 h 57 minUn nouveau carnet qui m’attend, je prends mon chocolat chaud, je me met sous le plaid et je suis prête à décoller à tes/vos côtés pour découvrir ce road trip que j’attendais avec impatience.Si pendant des semaines je ne suis plus venue par ici, je ne rate rien sur Instagram, et je peux te dire que toi et Jérémy m’avaient fait rêver avec vos deux comptes Instagram ;) Chaque jour, quelle belle courte évasion quel joli aperçu.Il est temps de se plonger dans le détail de ce voyage :D
Et je crois qu’avec ce voyage, ce long vol, la vagabonde que tu es, sa passion pour le voyage,pour être au dessus des nuages a enfin pris tout son sens ;)
amelie queen
11 septembre 2014 at 15 h 05 minWaouh ! Je reste sans voix devant votre vidéo et vos belles photos. Envie de prendre un sac à dos, un avion et mon amoureux sous le bras…Merci pour cette parenthèse enchantée et continuez de nous faire rêver. <3
Vagabondanse
11 septembre 2014 at 20 h 09 minMerci à toi pour ce joli commentaire Amélie !! :) Ca fait chaud au coeur de lire cela, de donner envie d’attraper son sac et son amoureux et de partir ! Une parenthèse enchantée comme tu le dis, qu’on aimerait réitérer le plus vite possible :)
Curiosités à NY
8 septembre 2014 at 16 h 32 minJ’adore ! tu me donnes tellement envie de retourner dans cette région trop vite traversée il y a 4 ans ! vivement la suite :)
Vagabondanse
10 septembre 2014 at 17 h 37 minC’est tout le mal que je peux te souhaiter !! Je ne pensais tellement pas adorer à ce point cette région dont j’ignorais tout. On en a vu qu’un bout et on rêve déjà d’y retourner !
Une Bordelaise à Paris
8 septembre 2014 at 13 h 00 mintes photos sont superbes, la video est geniale. Je serai là pour Seattle :)
Vagabondanse
10 septembre 2014 at 17 h 36 minMerci beaucoup ! J. a vraiment bien bossé pour la vidéo ! A jeudi pour Seattle alors :)
Xel0u le l0up
8 septembre 2014 at 9 h 26 minL’argentique est un bon choix, je crois. Tes photos sont superbes <3
Vagabondanse
10 septembre 2014 at 17 h 36 minMerci beaucoup Alex’ :) ♥ Je crois aussi que c’est le bon choix !