Novembre s’achève alors que je n’ai pas vu septembre et octobre filer. Que je poursuis à respirer sous apnée, happée par ce mot clef : Mémoire. Oxygénée par à-coups, au rythme hétérogène de ces rendez-vous universitaires, dans ce bureau exiguë du deuxième étage au fond à droite.
Alors c’est donc cela être passionnée ? Se donner sans compter ? Écumer les bibliothèques de la ville, dévaliser les rayons de chacune d’elle pour accumuler et se reconstituer en quelque sorte sa propre bibliothèque chez soi le temps de cette parenthèse ? Rechercher, lire, intégrer, relire, noter puis se jeter dans le grand bain et rédiger. Oui, alors c’est donc cela être passionnée ? Plonger tête la première le temps d’une parenthèse de plusieurs mois dans ce tourbillon qu’est le Mémoire. S’immerger pour mieux s’imprégner au risque de se faire bouffer, de s’y perdre pour finalement s’y (re)trouver comme jamais. Aimer plus que de raison son sujet, être convaincue de son intérêt et de sa portée.
Montréal, rends moi mes premiers mois, ceux-là même que tu m’as avalé sans me laisser le temps de les savourer, de les réaliser. Oui, Montréal rends moi ces souvenirs que tu relègues si loin aujourd’hui. Montréal, rends moi tout cela, rends les moi. Oui, rends moi cette sensation que de réaliser qu’ils ont traversé un océan pour moi. Ce plaisir si grand, que de les voir ici, de ce côté-ci de l’atlantique, chez moi. Ce bonheur si fou, que de leur faire partager ce quotidien devenu mien, cette vie si nouvelle, si loin mais qui me comble tant.
Ô oui, je nous revois â l’aéroport, je revois mes yeux incrédules de les savoir ici, de ce côté ci du globe. Ils l’avaient dit, pourtant oui ils l’avaient dit. Ils le feraient, ils viendraient. Montréal, il y en aura des souvenirs avec toi, ô que oui, il y en a déjà tant. Pourtant, Montréal, celui-ci risque d’être le plus inoubliable de tous. Il n’y a pas plus beau plus cadeau pour une fille avide d’aventures et d’expériences, que de voir ses parents venir la voir, peu importe ou elle se trouve sur terre.
Montréal, rends moi mes premiers mois, ces premiers souvenirs, ma fierté comme une « vraie » montréalaise que de les emmener bruncher dans mes cafés préférés, de les balader dans mes coins de la ville adorés, de braver la pluie battante, de les immerger et de leur faire gouter les spécialités locales. De les voir s’amuser comme des enfants, de les regarder partir seuls à l’assaut du Québec pendant plus d’une semaine pour réaliser ce voyage dont ils ont toujours rêvé, puis de les retrouver une dernière fois, un ultime crochet par toi, Montréal, avant de les quitter sur le seuil de la porte, le coeur gros comme ça et de leur dire « A Noël, mais cette fois-ci de l’autre côté de l’atlantique! »
Oui, Montréal,
rends moi mes premiers mois.
Le souvenir de ces belles journées automnales qui s’étirent, des feuilles qui rougissent un peu partout, de cette ambiance si chaleureuse, de cette luminosité si particulière, de ces moments si attendus. Le plaisir d’être en Amérique du nord pour fêter Halloween comme il se doit, de célébrer entouré de ces amis qui nous sont chers, Thanksgiving. Ô oui, Montréal, si tu savais à quel point je me suis attachée à la célébration de cette dernière. Les années vont et viennent, Montréal, tu es si différente cette année, sans pour autant en être moins intense.
Alors oui, novembre s’achève alors que je n’ai pas vu septembre et octobre filer. Sans avoir eu le temps de réaliser pour accepter que cette deuxième année serait bel et bien différente de la précédente. Accepter, que leur départ ait laissé un vide béant, qu’ils me manquent. Qu’Il me manque. Qu’a vouloir s’expatrier, c’est le revers de la médaille qui vous attend, de toutes ces rencontres qui vous bousculent, vous chamboulent, rentrent dans votre vie avec fracas et s’en vont avec autant d’intensité.
Octobre et novembre ont filé, au rythme effréné de mes lectures et rédactions pour le Mémoire, des recherches pour ce projet de groupe, de mes trois jours par semaine en stage, mais aussi de ces belles visites. Le souvenir de remettre les pieds à l’école, de fouler le sol pour la première fois de cette école, de découvrir le système québécois, de pouvoir s’asseoir le temps de la récrée à leur place, sur ces toutes petites chaises où l’on réalise à quel point tout est différent vue de si bas.
J’ai regardé les feuilles des arbres s’égrener par la fenêtre, en faisant taire la pointe de frustration de ne pouvoir en profiter comme je l’aurai souhaité, de ne pas avoir des journées à rallonge pour pouvoir partir plus souvent me vider la tête, découvrir toutes ces régions du Québec dont j’entends parler au quotidien au boulot, sur lesquelles je travaille même. Oui, ne pas avoir eu assez de temps pour lui dire, on y va, on prend la voiture et on s’en va.
Novembre touche à sa fin, et l’hiver est bel et bien là. Après quelques prémices, quelques matins blancs à m’extasier en ouvrant les rideaux au réveil et découvrant ce paysage immaculé imprévu, alors qu’il n’y avait encore rien la veille au soir et que rien ne présagerait cela le lendemain matin. Ô que oui, ne serait-ce rien que pour cela, je resterai plus que de raison ici, au Canada. Les années passent mais l’effet demeure plus que jamais ♥
L’hiver est bel et bien là, les journées raccourcissent à une vitesse où nous n’avons pas le temps de nous y habituer. On poursuit à mener son quotidien comme avant tandis que son horloge interne s’accommode de ce changement de saison, de la nuit qui arrive à 15h30-16h, vous donnant faim au point de vouloir diner à 17h et d’avoir envie d’aller vous coucher à 20h ! Oui, l’hiver est là, le marché de fruits et légumes du coin de la rue ouvert 7jrs/7 & 24h/24 a laissé place au traditionnel marché de sapins de noël ! Les moufles et bonnets ressortent peu à peu et les températures négatives s’installent progressivement, définitivement pour les prochains mois à venir.
Novembre s’achève alors que je n’ai pas vu septembre et octobre filer. Décembre s’entame et je ne réalise pas que dans trois semaines je serai rentré en France pour une semaine qui promet d’être aussi courte qu’intense. Non je ne réalise pas. Montréal, rends moi mes premiers mois, ceux-là même que tu m’as avalé sans me laisser le temps de les savourer, de les réaliser. Oui, Montréal rends moi ces souvenirs que tu relègues si loin aujourd’hui.
Canon AE-1. Kodak Portra 160 iso & Fujicolor C200 (périmée).
10 Comments
Camille R.
23 mars 2015 at 17 h 42 minJe viens de découvrir ton blog, j’apprécie beaucoup ta plume et tes images ! Bravo !
Je suis allée à Montréal aussi il y a quelques années et je viens de me mettre à l’argentique sérieusement. Ton article me donne envie de redécouvrir cette culture et cette ville que j’ai tant aimé à travers le viseur de mon vieil appareil. :)
Vagabondanse
25 mars 2015 at 21 h 43 minMerci beaucoup Camille pour ces jolis mots :) Bienvenue par ici alors !
J’espère que la belle occasion que de revenir ici ET avec ton appareil argentique se présentera alors ! Montréal est si cool, non seulement à y vivre mais aussi à la photographier !
Lise-Marie
12 décembre 2014 at 15 h 58 minJ’arrive tardivement sur ce blog que je connais tant et que j’ai tellement parcouru.. mais pour moi aussi les mois ont filer, pas dans la même ambiance malheureusement, plutôt entouré de chagrin qui continu à s’émanciper malgré l’approche de Noël.
En tout cas tes photos sont toujours aussi charmantes et émouvantes. Tes récits sont à l’image de ces photos, captivants ! Tu m’emmènes avec toi comme toujours à tel point de ressentir ce gout amer de ne pas se voir arriver à Montréal malgré le fait d’avoir été embarqué !
Profites de ton mémoire ! je vois que malgré les heures & les heures de boulot tu prends un énorme plaisir et je crois que toute la différence est là pour la réussite ! Quand on aime, on ne compte pas et ça nous fait pousser des ailes ! le système canadien , du moins montréalais à l’air d’être tellement enrichissant, épanouissant que cela donne envie de partir de l’autre côté de l’atlantique ! ( une envie mais une grosse peur… et puis dans mon cursus c’est pas tellement mis en avant ce genre d’expatriation universitaires.. ) mais j’espère fortement tout comme toi, trouver ( faut commencer par là ) un sujet de mémoire qui m’inspire et m’attire tant pour mon M1 ( septembre prochain attention ) que pour mon M2 !
Je te souhaites que de belles aventures qui j’en doute pas, continueront à se montrer ma Sam !
Big Calm
3 décembre 2014 at 9 h 17 minVoilà en tout cas une parenthèse très poétique :)
Concernant le mémoire, c’est une chance que tu sois passionnée par ton sujet de recherche et j’imagine que cela doit être vraiment stimulant au quotidien. Pour ma part, je viens de terminer il y a quelques mois mon mémoire sur un sujet qui après réflexion me sortait par les yeux et je n’ai que très rarement pris du plaisir à travailler dessus. Mauvaise expérience !
Quand on est passionné, on peut déplacer des montagnes et s’épanouir … (ce qui semble être ton cas) Alors bon courage à toi pour la suite ;D
Vagabondanse
8 décembre 2014 at 5 h 33 minRavie que ma parenthèse poétique t’ait embarqué ! :)
Je ne pensais pas, mais en effet, je me rends compte que ce n’est pas commune mesure que tout le monde soit passionné par son sujet de mémoire :O J’ai vraiment de la chance d’être dans un aussi bon département et d’avoir un encadrement de professeurs qui ne cherchent en aucun cas à vouloir vous faire rentrer dans une case mais au contraire tend à vous amener à trouver votre voie, vos envies et préférences ! Car il est vrai que lorsqu’on est passionné, on peut en déplacer des montagnes!! Merci en tout cas pour le courage :) CA y est, tu peux souffler de ton côté alors ?! ;)
Big Calm
10 décembre 2014 at 9 h 18 minOui, je l’ai rendu il y a quelques mois et j’ai eu les résultats la semaine dernière (diplômée !)
Vagabondanse
14 décembre 2014 at 18 h 39 minOh mais ! Toutes mes félicitations !!! :) Une page se tourne et une nouvelle s’écrit alors ?!
Big Calm
24 décembre 2014 at 13 h 19 minOui, exactement ! Je viens d’ailleurs de trouver un travail et je déménage début janvier à Paris. Tout s’accélère, c’est grisant mais ça fait aussi un peu peur ! (devenir adulte, tout ça …)
Katia
2 décembre 2014 at 10 h 30 minTu as de la chance d’être passionnée par ton mémoire,pour moi c’était un véritable cauchemar!Je ne voulais pas en faire un,mais c’était obligatoire.Au final pour ce que ça a donné hein…Mais bon je continue d’avancer, je me suis perdue, je me sens perdue, mais je finirai bien par trouver ma voie et mon chemin :)
Et ton texte, comme toujours tu m’embarques, comme dans un bon roman dans lequel on se plonge.Tu es cette histoire sans fin que je me plaît à dévorer au fil des mois, des années ;)
Vagabondanse
8 décembre 2014 at 5 h 29 minMerci Katia <3 Je croise fort les doigts pour que tu trouves toi aussi ton chemin ! Je me rends compte aujourd'hui en prenant tant de plaisir à mettre sur pieds mon mémoire, à quel point j'ai eu raison de ne rien lacher et de tenir tête à certains professeurs qui n'y croyaient pas, car cela paye :)