Après 9 jours de beau temps, il fallait bien que la roue tourne pour que la région tienne à garder sa réputation ! Réveil pluvieux, paysage brumeux…qu’à cela ne tienne; les photographes que nous sommes sont heureux.
Sous le soleil ou sous la bruine, qu’importe, la côte ouest n’attend plus que nous et les étapes sont nombreuses, et si l’envie est grande de rester sous la couette, à regarder par le pare-brise arrière la brume s’enlacer au relief escarpé de conifères non loin de là, l’appel photographique prend le dessus et nous levons l’ancre.
Au fil des miles, le paysage se dégage, la brume se disperse au point de nous offrir un soleil éclatant en arrivant aux abords de Seaside. Petite ville de bord de mer à laquelle je trouve de faux airs de la Baule. Nous revoilà replongé dans une station balnéaire à souhait, avec ses boutiques d’articles de plage et autres souvenirs, entre le glacier et la salle de jeux-machines à sous. Le temps de déjeuner sur le sable chaud, à observer amusés ce pan de nuage/brume s’harnacher au relief côtier, que nous reprenons aussitôt la route. Seaside ne fut qu’un coup de vent, mais amplement suffisant pour ce qu’il y a à y voir ! A l’image de Cannon Beach, très touristique elle aussi, ce à quoi on ne s’attendait pas, naïvement. Faute de boutiques de location, J. commence à faire doucement une croix sur sa session de surf qu’il espérait et attendait tant.
Alors à défaut de surfer, il se fera aventurier, me filant au passage une belle frayeur ! Une fois n’est pas coutume, on décide de prendre un peu de hauteur pour admirer cette mythique plage, en allant a Ecola Point dans Ecola State Park; mais cela ne lui suffit pas. Il veut l’extrémité de la vue, ce rocher de l’autre côté de cette plage en contre-bas, au relief escarpé. Il est comme un gosse à dévaler, se griffer les jambes dans les branches et autres herbes, escalader, gravir ce roc à l’allure de terre volcanique; tandis que je le regarde en me rongeant les ongles, pestant et m’imaginant déjà devoir appeler flics et pompiers pour aller le chercher en cas d’incident, car impensable pour moi de refaire son chemin, qui je vous l’assure, était de la pure folie !
De retour sur la terre ferme, une pointe de déception dans la gorge, vis à vis du lieu; on finit par filer à Indian Beach. On se délecte du paysage, on suit les petits sentiers qui descendent jusque sur la plage et on s’impatiente du temps qui est en train de tourner. Les nuages gris et menaçants sont de retour, mais assez loin pour ne pas inquiéter les quelques surfeurs qui osent se jeter à l’eau. Finalement, ils ne feront que rester au large, s’approchant pour mieux s’enfuir, pour nous offrir un coucher de soleil royal, non loin des pontons du petit port de Wheeler. Nous voulions faire cap direct sur Tillamook, mais je n’ai pu retenir ma langue plus longtemps en arrivant à Wheeler, et ai supplié J. de s’arrêter. Le lieu est paisible, mais a un je ne sais quoi. Comme toute la route entre ces deux villes, toutes ces petites maisons, ces devantures de magasins. Si vous avez le temps que nous n’avons pas eu, alors arrêtez vous y pour moi par sauts de puce; c’est si joli !
Tout compte fait, le ciel finira par se charger et la pluie nous gagnera dans la nuit, peu après être arrivé au Cape Lookout State Park. Les matins se suivent et se ressemblent, nous partirons de là sous une fine pluie, après avoir ôté du pare-brise le petit mot du ranger et s’être acquitté des frais pour la nuit. On revient quelque peu sur nos pas pour poursuivre notre quête des phares de l’Oregon. La chaleur des bénévoles du Capes Meares Lighthouse qui nous font visiter ce minuscule phare, nous réchauffe et nous fait oublier cette vue bouchée de tous bords. La route serpente le long deThree Capes Scenic Loop, on en prend plein les yeux comme on l’espérait et prend plaisir à faire des haltes de ci de là pour déclencher les appareils.
L’apothéose arrive en mettant le pied à Cape Kiwanda. Le coup de foudre est à l’image de l’après-midi toute entière que nous y passerons. On s’avance sur cette étendue de plage, en quête de toucher du bout du doigt, comme si nous le pouvions, ce rocher mythique qui s’élève et domine; maintes fois vu en photos. Le soleil joue à cache cache, tandis que J. me convainc de le suivre dans l’ascension des dunes. Braver l’interdit n’est pas dans ma nature, pourtant j’ai du reconnaître qu’en arrivant au bout de ce promontoire rocheux, ce vent glaçant contre mes joues, au creux de mes cheveux, et cette vue…valait la peine de mettre sa bonne conscience de côté pour un temps. Aujourd’hui, la frustration est quelque peu grande, de savoir que je garderais jusqu’à la prochaine fois, ce souvenir uniquement dans ma tête et sur Instagram; puisque suite à une pellicule shooté en double expos sans le savoir, je n’ai aucune photo de ces instants. Le jeu de l’argentique et de ses imprévus !
La journée se bouclera sur deux anecdotes mémorables ce jour là. En reprenant la route 101, passant Lincoln City pour se diriger vers Yaquina head Lighthouse, la surprise fut grande de découvrir que pour accéder en voiture au phare, il faut s’acquitter d’une entrée de 7$, alors qu’elle est gratuite pour les piétons. Nullement découragé, on fait demi-tour pour garer la voiture à peine plus bas que le poste d’entrée, assez pour la dissimuler; et nous remontons comme si de rien, à pieds pour entrer. Ce que nous ne pouvions percevoir de l’entrée, c’est que derrière le virage perceptible, il y avait encore une bonne route jusqu’à atteindre le dit phare ! Non vraiment, par égo et fierté, nous ne ferons pas demi-tour pour aller prendre la voiture, et nous rendrons à pieds coute que coute jusqu’au phare ! On en rit, nous sommes les seuls fous pour le faire, les seuls visiteurs tout court. Les couleurs de fin de journée et cette lumière qui inonde le phare, nous réconfortent et dispersent pour de bon ce temps mitigé qui nous a tenu compagnie tout au long de ce onzième jour de voyage.
On gardera en tête cette belle image de fin de journée pour oublier la déception d’être allé voir Yaquina Bay Lighthouse, qui en plus de ne pas être très accessible, est terriblement entaché à ses côtés par une grande tour de métal. Passez donc votre route et poursuivez.
La nuit tombe de plus en plus, on se rend compte sur la carte et sur le compteur de la voiture, que nous venons de passer déjà la moitié de la côte. Cela nous semble surréaliste. Tout va si vite et en même temps, nous en avons tant vu. A peine le temps d’y penser en arrivant dans la nuit noire au Carl g. washburne memorial state park, que nos pensées en viennent à être occupées par ce petit mot griffonné que nous trouvons non loin des sanitaires du campground, indiquant la présence de Cougar…un ours ! Ce dernier à été vu dans les environs du camp le 10 juin…nous sommes le 12 ! haha. Si la pointe de panique qui passe dans mes yeux à cet instant me provoque un fou rire, nul besoin de vous dire que nous ne nous sommes pas attardés sur le chemin entre la douche et la voiture !
Les matins se suivent et commencent étrangement à se ressembler. On prend goût à émerger sous une brume aussi dense qu’intense, pour la voir s’étioler au gré de la journée et nous offrir un coucher de soleil digne de ce nom à la fin de celle-ci. les journées se suivent, les paysages se diversifient mais le rituel demeure. Cap sur Heceta head Lighthouse, le 5ème des 9 phares que compte l’Oregon. Le sentier ondule jusqu’au sommet, passant devant ce splendide ancien cottage attenant au phare, aujourd’hui reconvertie en b&b. Sous ce « foggy » si typique à l’Oregon, l’ambiance en est que plus mystérieuse pour nous charmer. Ce qui ne sera pas le cas quelques miles plus loin avecUmpqua River Lighthouse.
La déception est grande en arrivant au parking de découvrir que le phare n’est pas accessible, et qui plus est, enfermé dans cet enclos de fer ou vivent des gens dans des maisons attenantes. Très étrange à observer et concevoir. Je préfèrerais aller m’attarder non loin vers ces anciens édifices, faisant penser à une caserne de pompier. Heureusement, la vue sur l’océan et ces effluves marines font oublier l’envers du décor dans notre dos, et je scrute l’homme dans le 4×4 d’a côté, à la recherche des Sea Lions ! Bien qu’ils furent difficile à voir à l’oeil nu depuis Simpson Reef Overlook, se confondant souvent avec le rocher sur lequel ils se trouvaient, on aura eu le mérite de les entendre ! L’espoir, nous aura bien fait guetter l’horizon pour une petite bosse ou queue de baleine, mais en vain.
On se consolera avec l’Oregon dunes National Recreation area, et cette vue mémorable pour moi, le goût du sable pour J. qui ne put s’empêcher d’aller dévaler cette dune qui nous faisait face ! Pour sur, une surprise, car on ne s’attendait pas à voir pareil paysage dans cet état. A l’image quelques miles plus loin, en poursuivant notre route, de ce vaste « parc » déforesté. Une question récurrente que je me suis posée tout au loin de ce voyage, quand mon regard se portait sur ces paysages montagneux ou simplement vallonnés, de constater cette disparité, cette déforestation quasi « barbare » à vous dévisager tout un pan de site. Je veux croire qu’il y a une logique derrière tout cela, qu’ils ont rasé tel pan au beau milieu de rien pour une raison précise; parce que je vous assure que dans bien des cas, visuellement, c’est tout simplement incompréhensible et défigurant.
Le compteur de la voiture ne cesse de grimper. On savoure chaque miles de cette westcoast sans réaliser un instant que le lendemain nous franchirions la frontière de la Californie. J. attendait beaucoup de cette côte de l’Oregon, il en avait des images plein la tête, alors que les miennes étaient vierges. Je n’avais qu’une couleur pour exprimer cette région des Etats-Unis, j’en reviendrais désormais avec une palette de nuances. On cherche au maximum à longer le front d’océan, en profiter jusqu’au dernier tournant, au dernier précipice, banc de sable, de sapins et j’en passe.
On étire les dernières heures de la journée pour pouvoir réaliser notre défi comme il se doit. On le touche du doigt, on y est presque. Le 7ème phare n’étant pas accessible par voie terrestre, nous faisons route pour le 8ème et avant dernier, gardant le 9ème et dernier au chaud, pour lendemain matin, comme pour boucler la boucle avant de quitter pour quelques heures l’état de l’Oregon pour la Californie. Finalement, après un rapide coup d’oeil et tour au Coquille River Lighthouse, on sera bien plus charmé par sa plage de bois flotté à deux pas. Cette eau qui se confond à l’horizon avec ce ciel cotonneux, à la lueur du soleil qui n’en finit plus de décliner.
Une poignée de miles, ni plus ni moins qui nous sépare du Cape Blanco; on fonce sur ces routes de campagnes, longées par ces champs de moutons et ce soleil de plus en plus rasant. La surprise est de taille en claquant la porte de la voiture au sommet, à quelques mètres du dernier phare. Encore et toujours cette vue imprenable sur l’océan et cette côte ouest
La dernière image que nous garderons, de la journée, de cette semaine le long de la côte, de ce soir-ci au moment de s’endormir…
6 Comments
Mélanie
11 janvier 2015 at 19 h 26 minTrès joli récit et photos, qui nous évadent et nous nous émerveillent !
(https://poussieredesoi.wordpress.com/)
Vagabondanse
21 janvier 2015 at 15 h 04 minMerci beaucoup Mélanie :)
Les causettes de Célestine
10 janvier 2015 at 23 h 31 minWAOUW! J’attends la suite de votre périple avec impatience, j’ai apprécié chaque épisode! Surtout qu’on prépare un roadtrip pour le printemps et qu’on devrait sans doute emprunter les mêmes routes, j’ai hâte.
Vous êtes partis à quelle période de l’année?
Célestine
(https://lescausettesdecelestine.wordpress.com/)
Vagabondanse
10 janvier 2015 at 23 h 48 minMerci beaucoup Célestine pour ces jolis mots ! :) Si vous préparez un roadtrip dans la même région, alors mon article récap qui arrivera à la fin de mon voyage devrait de te plaire !
On est parti en juin dernier :) Période idéal car c’est encore la basse saison, et on a eu un temps radieux malgré tout (3 jours de pluie en # semaine!)
N’hésite surtout pas si tu as d’autres questions !
Les causettes de Célestine
12 janvier 2015 at 11 h 53 minOui, j’attends la suite de tes articles avec impatience ;)
Vagabondanse
21 janvier 2015 at 15 h 03 minJ’espère qu’ils ne te décevront pas ! ;)