Les cartes postales se suivent mais ne se ressemblent pas, à l’image de Painted Hills. On a laissé derrière nous Crater Lake sous quelques flocons, Fort Rock sous un soleil radieux.
Postcard from Painted Hills !
Ce matin là, au réveil du seizième jour, la buée sur les vitres nous laisse tout juste apercevoir la brume de l’extérieur et les fines gouttes qui ruissellent le long de celles-ci. On étire les minutes en espérant que le temps se lève et soit plus clément pour aller voir Painted Hills. On aide un campeur non loin de notre emplacement à redémarrer sa voiture après avoir laissé charger toute la nuit son téléphone et donc assécher la batterie…erreur !
Les nuages ne nous lâchent pas mais on guette avec espoir le bout de ciel bleu que l’on aperçoit au loin. On s’enfonce dans les terres avec la même hâte de ne pas savoir ce qui nous attend au tournant de cette route, puis de celle-ci. On prend notre mal en patience en croisant une zone de travaux (une énième!) et se faisant arrêter par cette « Madame stop ». La discussion s’entame naturellement et elle nous raconte, surprise, qu’il y a beaucoup d’étrangers ces dernières semaines par ici, ce qui semble la passionner, tant sa voix change de ton en nous énumérant les différentes nationalités croisées. On rit !
Les routes menant à Painted Hills serpentes et je me délecte de cette nouvelle palette visuelle qui s’offre à nous. Une fois n’est pas coutume, l’Oregon m’offre un nouvel aperçu de son visage. Si jusque là, la cote m’avait surprise, ce n’était rien au regard de l’intérieur des terres et de ce que nous découvrions depuis quelques jours… Le coup de coeur se confirma tout au long de la Burnt Ranch Road, ce relief montagneux et vallonné. A chaque virage, la bouche s’entrouvre, et on pense alors deviner ce qui nous attend, mais il n’en est rien. Chaque tournant a son lot de surprises, sa palette colorée, son relief escarpé, désert ou au contraire arboré. Une succession d’inattendu, d’improbable, comme ici peu avant Mitchell, avec cet arbre sorti de nulle part, dans une portion de route ou il n’y en a pas le moindre; croulant littéralement sous les paires de chaussures. Je ris aux éclats en le voyant. C’est donc ici que finiront mes vieilles (chéries!) baskets que J. ne peut plus voir en peinture !Je les lace, me recule et m’élance. Drôle de fin de vie pour elles, drôle de souvenirs à garder et se remémorer ! Il peut crier victoire au sens propre comme au figurer, car c’est un vrai miracle que je vienne d’accepter de laisser là pour de bon mes tennis polonaises dont je refusais de me séparer.
La carte postale prend forme, Painted Hills nous tend les bras et nous ne pouvons retenir un « wow » en arrivant sur les lieux. A cet instant précis, on ne regrette nullement les miles accumulés pour ce détour et on s’en serait bien mordu les doigts de passer à côté ! Le soleil se moque de nous et les nuages ne nous quittent pas, mais qu’importe, nos yeux ne peuvent se retirer de ces dégradés de couleurs, de ces ocres et ce rouge…c’est insensé ! Ces dunes aux couleurs chatoyantes, ces courbes sinueuses, la vue est impressionnante; tant en contre-bas qu’au sommet de l’une d’elle. A nouveau, je n’aurais pu soupçonner un seul instant un tel paysage dans l’Oregon. Comment avais-je pu avoir jusque là l’image d’un état croulant sous la main mise forestière ?!
On en a beaucoup vu, sans finalement en voir assez. Tout cela semble bien trop insensé pour n’être qu’une seule partie. Quitte à avoir fait un détour et s’enfoncer dans les terres pour apercevoir Painted Hills, autant y aller jusqu’au bout. On fuit autant que faire se peut les grande routes, pour continuer à découvrir au gré des plus petites, Sheep Rock Unit, ou encore John Day Fossil Monument….
La route 19 n’a plus de secret pour nous, et elle s’inscrit indéniablement dans mon top 3 des routes les plus surprenantes de ce roadtrip ! La remontée jusqu’à Arlington est un vraie coup de coeur et je ne suis pas mécontente de la vivre au volant, en conduisant. Des paysages de plaines à perte du vue d’un coté, avec le ciel bleu et quelques cumulus, et de l’autre où l’on roule, le ciel menaçant avec ces lueurs, entre les deux ou ils se rejoignent, couleur arc-en-ciel…! On croise de jolies fermes, cet immense parc éolien comme je n’en avais jamais vu de tel auparavant.
On est lancé et on ne peut se résoudre à s’arrêter là, on préfère savourer cette si belle fin de journée, ce soleil éclatant qui a enfin dénier sortir, pour nous réconcilier avec les paysages de la Columbia River Gorge, pour aller jusqu’à The Dalles. Les miles s’enchaînent, sans voir le compteur s’affoler, trop occupé à savourer ces instants, ce moment. The Dalles arrivent à grand pas et sans se parler on est d’accord pour s’accorder qu’on ne peut pas finir ainsi, continuer la 84 jusqu’à Portland et tracer en direction de Seattle avec la Hwy 5. On ne peut pas déjà quitter l’intérieur des terres. Pas maintenant, pas si tôt, pas après tout ce que l’on vient de voir, de vivre. Marche arrière toute ! Changement de programme ! On attrape la sortie 104 et après avoir fait le plein à la station on se pose un instant au McDo d’à coté, face à ces vitres donnant sur la Columbia River. Et si on prenait ce pont que l’on aperçoit ? Et si on chamboulait tout en regagnant Seattle par l’intérieur des terres, jusqu’au bout, qu’importe le nombre de miles en plus que nous ferons, nous arriverons à temps pour notre avion.
La fin de journée tombe à mesure que l’adrénaline nous gagne, le sourire jusque là de redistribuer les cartes ainsi, le bonheur de rester au coeur de ces paysages, sur ces petites routes et d’en prendre encore plein les yeux. La nostalgie vient tout aussi vite se rappeler à nous, à mesure qu’on se rapproche de ce pont. On réalise brusquement qu’en choisissant ce chemin, nous disons soudainement au revoir pour de bon à l’Oregon…Si je pense à ce qui nous attend pour ne pas avoir à réaliser ce qui se passe, ce que cela veut dire, signifie; Lui, en revanche le comprend dès l’instant ou la voiture s’embarque sur ce pont. Son silence parle pour lui, ses yeux humides parlent pour lui. Il rêvait tant de ce voyage, si fort de découvrir cet état des Etats-Unis. Voilà, nous y étions. Il l’avait fait. Le coeur est lourd, sa gorge est serré. Je lui attrape la main et le laisse savourer cet instant, en tachant d’immortaliser chaque dernière image de l’Oregon avant que nous franchissions la frontière pour de bon.
La question ne pose pas. Ô que oui, Oregon, nous reviendrons. ♥
Canon AE-1. Kodak Portra 160 iso – Kodak Max 400 iso (périmée) – Velvia 50 iso.
18 Comments
Marie
19 août 2016 at 13 h 43 minTes photos sont absolument incroyables ! Cela fait un petit moment que je suis ton blog sans jamais avoir oser laisser un commentaires. Tes photos et tes textes sont très inspirants et me permettent chaque fois de voyager depuis mon bureau. Tu as un réel talent, c’est fou !
L’Amérique et ses grands espaces sauvages est vraiment un sujet passionnant !
Vagabondanse
24 août 2016 at 0 h 15 minOhlalala, mais mais mais, Merci beaucoup Marie !! Ton commentaire et ces jolis compliments me font d’autant plus plaisir en sachant que tu n’osais pas jusque là en laisser un. Ca fait toujours chaud au coeur de lire un pareil retour, surtout lorsque l’on met beaucoup de coeur à l’ouvrage comme on dit. Ca redonne confiance et pousse à poursuivre :) Et que dire des grands espaces américains…un terrain de jeu photographique intarissable !
Dutilh
8 mars 2015 at 20 h 31 minun voyage tout en douceur ,en émotion et aux descriptions retenues.Merci
Vagabondanse
8 mars 2015 at 20 h 39 minMerci beaucoup tata :) Toujours une jolie surprise et un plaisir que de lire tes mots par ici !
Big Calm
8 mars 2015 at 19 h 06 minCes paysages … on dirait des tableaux à chaque fois ! (« Painted Hills », ah oui je comprends mieux ;D )
Vagabondanse
8 mars 2015 at 19 h 31 minHaha, c’est un peu ca ^^ :) C’est vraiment fou comme paysages. On a tous une image de dune de sable en tête, mais là, avec autant de couleurs, c’est juste fou !
Donlope
17 février 2015 at 16 h 57 minTrès joli! Je n’avais pas cette image de l’Oregon en tête…on a tendance soit à voir la côte, soit les forêts humides avec toutes ces cascades, mais là, les couleurs sur cette chaine de montagnes sont très belles!
Vagabondanse
17 février 2015 at 17 h 03 minMerci beaucoup Sébastien ! C’est exactement cela !! Avant de venir, je ne voyais l’Oregon qu’a travers l’image des forêts humides. Mais quelle surprise que de découvrir d’autres facettes de cet état :) Si tu as l’occasion de t’y rendre, n’hésites surtout pas !
Mikeontheroad
16 février 2015 at 19 h 32 minDe très très belles photos. L’Oregon m’a toujours botté mais je n’ai jamais franchis le pas. Peut être que ca sera mon deuxième coup de coeur après la Louisiane !
Vagabondanse
17 février 2015 at 17 h 05 minMerci merci merci !! Je ne connais pas du tout la Louisiane, mais je ne serais pas contre y faire un tour :) Je ne peux que t’encourager de franchir le cap et d’aller dans l’Oregon, car pour sur, tu aurais un autre coup de coeur ! ;)
Rory
14 février 2015 at 9 h 52 minC’est juste trop fou ces collines ! Merci pour ce road trip, on en prend plein les mirettes, et plein d’émotions grâce à tes mots…
bisous, Rory :)
Vagabondanse
17 février 2015 at 17 h 04 minMerci à toi ma Rory pour tes jolis mots <3 C'est mon petit plaisir que de voir ton nom s'afficher par ici ! Je crois que c'est bien le mot pour en parler "fou" ^^! On n'en croyais vraiment pas nos yeux !
Mili
13 février 2015 at 15 h 01 minJ’avais un peu cette même image de l’Oregon et en voyant tes photos et la poésie de tes récits, ça me donne envie d’aller découvrir justement de plus près cet État… Les couleurs sont superbes (surtout quand le soleil joue à cache-cache avec les nuages et donne une luminosité bien particulière sur ces paysages). Merci pour ce voyage!
Vagabondanse
14 février 2015 at 0 h 58 minMerci à toi Mili pour ces jolis mots ! Je ne peux que t’encourager à aller découvrir l’Oregon, car nulle doute que cet État ne se résume pas loin de là à de vastes forêts sans fin, comme tu peux le voir ! Une chose est certaine, tu ne pourras être qu’agréablement surprise :) Et puis comme tu le soulignes, finalement je suis ravie d’avoir eu ce temps couvert à Painted Hills, car les reflet des nuages sur ces dunes, l’intensité de ces couleurs…<3 Le paysage aurait été bien différent sous un soleil de plomb !
Charlotte
13 février 2015 at 11 h 05 minQue j’aime cet article ! Le format des photos sur mon écran qui semble être de la taille parfaite, les tons, la poésie qui s’en dégage… merci, c’est sublime !
Vagabondanse
14 février 2015 at 0 h 53 minOh ! Merci beaucoup Charlotte c’est adorable :)
Greg
13 février 2015 at 9 h 08 minDépaysant, merci pour cette dose d’évasion qui me plonge direct dans les préparatifs de notre prochain périple.
Vagabondanse
14 février 2015 at 0 h 52 minRavie que la dose d’évasion t’ait plu :) Je pense sans me tromper que tu aimerais beaucoup l’Oregon, surtout sa côte sauvage. Il y aurait presque un petit air breton ;) !