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Analog / Canada

Sur les hauteurs du Cap-de-Bon-Désir.

Se laisser happer par cet embrun marin qui tourbillonne dans l’air et gagner les hauteurs du Cap-de-Bon-Désir pour aller y respirer un bon bol d’air. S’engouffrer sur ce traversier afin de traverser la belle rivière Saguenay, pour rejoindre Tadoussac et la région de la Côte-Nord. Aujourd’hui, j’ai envie de vous raconter le joli souvenir de cette parenthèse québécoise hors du temps, dans le plus grand des secrets, il y a presque un an.

Sur les hauteurs du Cap-de-Bon-Désir !

Cap-de-Bon-Désir. Cap-de-Bon-Désir. Cap-de-Bon-Désir.

Les yeux sont grands ouverts, on pourrait y voir comme un air de fjord norvégien. Le sourire est jusque là en effectuant cette traversée, car les souvenirs ne sont pas bien loin et resurgissent instantanément ! Il y a 6 ans, je traversais la rivière Saguenay pour la toute première fois, en quête de baleines. Six ans déjà. Six ans et sans savoir un instant que non loin de là, par delà Tadoussac, la Côte Nord renfermait de si jolies surprises et que j’aurais la belle occasion d’y revenir. Les années ont filé. Si vite, si vite. Jamais à l’époque je n’aurais pensé que je pourrais revenir dans cette région non pas en touriste mais en résidente du Québec.

Tadoussac.

Premier arrêt de cette belle aventure en direction du Cap-de-Bon-Désir, Tadoussac. Nous sommes partis à trois cette fois-ci, avec M., ma coloc de choc de Montréal et J., qui fut surement de loin, ma plus belle rencontre de cette expatriation québécoise. C’est indéniable, les québécois ont le coeur sur la main, mais alors J., c’en est x1000 ! Il fut à la fois une belle rencontre amicale, car oui l’amitié n’a pas d’âge, bien au contraire, la relation ne peut en être que plus affectueuse et paternelle. Et puis, elle fut aussi professionnelle. Sans lui, je n’aurais jamais pu vivre ces aventures si dingues, pouvoir mêler travail et découvertes d’une aussi jolie manière. Sans lui, je n’aurais pu ce jour là, pénétrer au coeur de cette immense grange…

Cap-de-Bon-Désir.

 

La surprise est dingue, les yeux sont plus qu’écarquillés ! Il est déjà fou de voir sur ce terrain ces différentes granges, pour certaines, centenaires, mais il est encore plus fou de pouvoir passer le pas de porte de chacune d’elle, et d’y découvrir des trésors dans chaque. Une collection de vieux poêles et d’outils dans l’une, des véhicules de transports d’autrefois (autre carrioles, calèches et traineaux d’hiver) dans une autre, et puis au creux de la plus grande…ce voilier. Ce joli petit bijou “La bonne Chance” datant de la fin du XIXème siècle, qui fut hissé hors des eaux au milieu du XXème jusque sur les terres, et plutôt que de le démater, le proprio de l’époque a préféré ériger une grange entière tout autour. Ô que oui, l’histoire semble juste dingue ! On est de surcroît surpris à l’extérieur, en apercevant la forme plus qu’originale de cette grange, mais à aucun moment on n’imagine pouvoir y trouver un bateau à l’intérieur. C’était fou de pouvoir se glisser au creux de ces granges, d’ordinaire fermées au public, de pouvoir gravir l’escalier de bois à tâtons jusqu’au sommet de cette grange pour admirer le voilier depuis le sommet de son mât. C’était fou que de pouvoir voir la réaction des gens, de pouvoir rencontrer par le plus grand des hasards le fils du tout premier propriétaire de ce voilier, émue de le retrouver ici et de nous conter ses souvenirs d’été au coeur du fleuve Saint-Laurent, à quel point ils étaient malades son frère et lui à bord, à chaque fois ! Ô que oui, c’était bien trop fou… ♡

Cap-de-Bon-Désir.

En grande férue de brocante, j’aurai pu passer de longues heures à fouiner sous ces épaisses couches de poussière, au coeur de ces différentes granges ci et là, gorgées de trésor. La consultante en patrimoine que je suis ne pouvait être qu’aux anges, de voir un tel patrimoine matériel sauvegardé à travers les années, les siècles; et la frustration est grande dans certains cas de voir les conditions de conservation. Il y aurait tant à faire ! Mais comme souvent, le refrain est le même, les budgets manque cruellement. Je crois bien avoir choisi le métier le plus frustrant ! Savoir et vouloir faire, mais ne pouvoir, faute de moyens. Heureusement que la passion est là !

La ferme du Cap-de-Bon-Désir.

Cap-de-Bon-Désir.

J. referme les cadenas des granges et nous reprenons la route, sans savoir un instant que nous quittons un trésor pour en découvrir un autre. La route serpente, au creux de cette végétation dense. Il faut connaître pour trouver, et je crois bien que la phrase “sortir des sentiers battus” n’a jamais aussi bien porté son nom qu’à cet instant ! J. et M. m’ont tant parlé de ce lieu, je devine tant leur sourire, que mon impatience à l’arrière peine à être contenue. On s’enfonce, on s’enfonce, quand soudain…

Cap-de-Bon-Désir.

La voilà qui apparaît sous nos yeux. Mon coeur fait un bon dans ma poitrine. La voici, telle un bijou dans son écrin, caché, dissimulé. Je serre fort cette chance et ce privilège que de pouvoir y venir, tant elle relève du secret de polichinelle. Une petite pépite à l’abris des regards pour une parenthèse hors du temps, au propre comme au figuré. En effet, cette ancienne petite ferme n’a pas d’électricité ni d’eau potable. Seule petite modernité, une cuisinière au gaz. Pour le reste, c’est un retour en arrière, à s’éclairer aux bougies, à se chauffer au poêle à bois. L’expérience n’en est que plus magique. ♡

Cap-de-Bon-Désir.

Le coup de coeur est d’autant plus grand en découvrant l’intérieur de la petite ferme, avec ce soleil qui s’y engouffre de tous côtés. Ce petit plaisir que de renouer avec la simplicité des choses, l’essentiel. Un moment hors du temps et un plaisir immense que de le savourer pendant quelques jours. Un morceau du passé préservé dans le présent et qu’on voudrait garder ainsi, en la préservant encore un peu de la modernité, tant celle-ci n’est pas nécessaire, tant l’essentiel qui y déjà en est suffisant à pouvoir profiter, se ressourcer et déconnecter comme il se doit. Car s’il n’y a pas d’électricité, il n’y a pas non plus de réseau mobile ! Le bout du monde, vous dis-je !

On en savoure chaque instant avec un sourire figé jusque là sur nos visages. Ca semble irréel. Avant que la nuit ne tombe, J. en profite pour couper du bois et faire un stock pour la soirée et la nuit afin de pouvoir chauffer assez et que nous n’ayons pas froid dans les chambres à l’étage, tandis que je m’aventure à quelque pas de là admirer cette vue imprenable sur le fleuve Saint Laurent. ♡ On croirait le bout du monde, tant on ne perçoit pas la rive sud. Mon petit bout du monde québécois…

Cap-de-Bon-Désir.

Au coeur du cap rocheux.

Curieuse d’en découvrir les moindres recoins, on profite des dernières heures de la journée pour aller arpenter les environs tant sur les hauteurs du Cap-de-Bon-Désir, qu’en contre bas, au plus près du fleuve. Nous sommes seul au monde, et l’instant n’en est que plus magique. On s’enfonce, on s’enfonce, jusqu’à gagner la rive, jusqu’à se laisser happer par ces bruits que l’on devine à fleur d’eau, jusqu’à les apercevoir enfin…un petit groupe de baleineaux qui jouent ! C’est juste insensé ! Ils sont quatre ou cinq, à se chamailler sous nos yeux ébahis. Mon coeur explose !

Cap-de-Bon-Désir. Cap-de-Bon-Désir.Cap-de-Bon-Désir. Cap-de-Bon-Désir. Cap-de-Bon-Désir. Cap-de-Bon-Désir.

Nous partirons près de 2h en vadrouille, à savourer ces instants si magiques, si uniques. Je me laisse bercer par ces embruns marins qui nous enrôlent et nous chahutent lorsqu’on s’approche trop près. Je peine à réaliser ce qui se passe, cette chance folle que d’être là, tous les trois, dans ce lieu si fou. Une parenthèse hors du temps qui ne fait que commencer et qui tiendra toutes ses promesses tout au long de ces quelques jours.

Cap-de-Bon-Désir.

La nuit aura raison de nous et nous invitera à regagner tranquillement les hauteurs du Cap-de-Bon-Désir pour retrouver la petite ferme, après de jolies couleurs au coucher de soleil. D’ailleurs, celui-ci ne fut pas grandiose, car sachez que le meilleur spot pour voir de somptueux couchers de soleil au Québec, n’est autre que la rive sud ! Pour l’avoir expérimenté pendant plus d’un mois l’été passé en étant à Rivière du Loup, il n’y a pas meilleur spot que d’être sur la rive sud et d’observer le soleil décliner sur la rive nord. C’est tout simplement magique !

Cap-de-Bon-Désir.

Cette parenthèse hors du temps, quelque part sur les hauteurs du Cap-de-Bon-Désir, dans cette petite ferme, restera longtemps un amas de petits souvenirs à part. Cuisiner ainsi, à la lueur des bougies, faire toaster ses tranches de pain avec un peu de fromage à même le vieux poêle à bois de la cuisine, s’installer dans cette chaise à bascule et venir se réchauffer les pieds auprès de celui-ci. Sentir le parquet grincer à chaque pas, entre-ouvrir les fenêtres avec ces petites cales en bois. Se baisser quelque peu par réflexe à l’étage en passant les portes tant le plafond n’est pas très haut. Le plancher n’est plus très droit non plus, la maison n’a cessé de bouger au cours des précédentes années.

Cap-de-Bon-Désir.

Cap-de-Bon-Désir. Cap-de-Bon-Désir.

Au dernier réveil, le coeur est bien (trop) lourd, que de devoir la quitter. La pluie a eu beau s’inviter dans la partie, il est bien difficile de mettre fin à cette parenthèse hors du temps. Refermer celle-ci après tous ces instants si fous, cette quiétude retrouvée, cette aparté si salvatrice. Se couper de tout pour mieux se retrouver. Oublier l’opulence et la surcharge pour renouer avec l’essentiel, le minimum. À vivre avec tout, on en vient parfois à oublier que très peu peut suffire. J’étais loin de penser que si peu, pouvait être en réalité, beaucoup. La citadine que je suis n’aurais jamais pensé être capable de vivre ainsi quelques jours dans une telle simplicité.

Cap-de-Bon-Désir.

Ce matin là, je choisirais de refermer cette belle et douce parenthèse hors du temps, en immortalisant Jacques, sur ce banc face à la petite ferme, sa tasse de café à la main, à regarder les bateaux défiler, écouter au loin les baleines en va-et-vient. Un instant quotidien pour lui, que j’ai eu à coeur de lui voler ce matin là. Quelque part, ma manière à moi de le remercier, de tacher de le faire ne serait-ce qu’un dixième, tant cela ne suffit pas, tant c’était si fou ce qu’il nous a fait vivre pendant ces quelques jours. Il n’y a pas plus beau cadeau que de partager un secret avec les gens qui vous sont chers :) Le souvenir n’en sera que d’autant plus fort, d’autant plus ancré. Ô que oui, je reviendrais. Ô que oui, je l’espère, nous reviendrons sur les hauteurs du Cap-de-Bon-Désir et y retournerons pour écrire encore & encore de jolis parenthèses hors du temps, dont nous seuls garderons la clef. ♡

Cap-de-Bon-Désir.

 

6 Comments

  • Rory
    28 juin 2016 at 5 h 13 min

    Magique cette escapade et tes photos sont vraiment parfaites. Je suis particulièrement impressionnée par les photos d’intérieur, dans la ferme et ce splendide bateau dans la grange. (Et les baleineaux <3)

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    • Vagabondanse
      30 juin 2016 at 15 h 12 min

      Mais ouiii, c’était si fou de les voir à quelques mètres de nous, et surtout d’avoir le privilège de vivre ce moment juste ensemble. Quant à ce bateau, c’est juste dingue ! Surtout de penser que la grange à été bâti pour lui :o !
      Merci pour ton petit mot ma Rory <3 ou devrais-je dire my "australian" rory ;) héhé

      Reply
  • le chien à taches
    27 juin 2016 at 12 h 07 min

    Tes photos sont si belles… <3

    Reply
    • Vagabondanse
      30 juin 2016 at 15 h 11 min

      Hiii merci copine :) <3 ! Bientôt on fera des photos des grands espaces ensemble... :D

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  • Sophie
    27 juin 2016 at 9 h 36 min

    super article, les photos sont vraiment magnifiques !!

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    • Vagabondanse
      30 juin 2016 at 15 h 09 min

      Merci Sophie ! Le lieu était si magique qu’il était bien difficile de résister à ne pas le photographier sous tous les angles :)

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