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Analog / Voyages

L’Irlande au bout des doigts, le Connemara dans tes bras.

Et si l’Irlande était la solution ? Et si le Connemara en était le résultat ? On avait songé en premier lieu à la Finlande pour s’abreuvoir d’aurores boréales, mais faute de budget on s’est dit finalement que l’Atlas Marocain serait tout aussi dépaysant, passant ainsi de la fraîcheur à la chaleur. Du coup, on a pris nos billets pour l’Irlande. :)

L’Irlande au bout des doigts, le Connemara dans tes bras.


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Au fond, peu importait la destination, elle n’était que prétexte à mettre fin à cette interlude silencieuse. On a laissé les kilomètres prendre le dessus, un océan se creuser, la distance nous repousser comme des aimants que l’on retourne. Tu m’as voulu quand je suis partie, je t’ai rattrapé quand tu t’es résigné. On a sauté dans un avion et on s’est retrouvé, dans cette ville, ce pays, sur cette île. C’était maintenant ou jamais, et on a choisi maintenant.

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On a fui Paris comme pour mieux faire taire leur incrédulité. Ils ont souri, ils ont ri, n’y ont pas cru; mais qu’importe, puisque nous nous savions. On y croyait, on en avait l’envie et on s’est donné les moyens pour. On est monté dans cet avion et on est parti. On a mis les voiles pour l’Irlande tout en mettant les voiles sur ce que nous avions été jusqu’à présent. L’Irlande serait la solution, le Connemara en serait le résultat.

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Dix ans que je n’avais pas mis les pieds en Irlande. Dix ans, depuis ce fameux voyage scolaire au collège et les souvenirs marquants de ce dernier. On a attrapé nos affaires, récupéré la voiture et on a à nouveau mis les voiles vers l’ouest en direction de Galway, fuyant Dublin. Nous voulions l’Irlande au bout de nos doigts. Je voulais le Connemara dans tes bras. On a roulé, je me suis accrochée au paysage qui défilait pour mieux faire taire mes vieux démons qui remontaient. On peut dire ce que l’on veut, on n’oublie pas ce genre de choses lorsqu’elles sont aussi brutales et soudaines. Les années passent, mais le souvenir demeure dans notre mémoire, derrière nos yeux, ancré avec autant de précision, comme si c’était hier.

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On a roulé jusqu’à Galway, en s’arrêtant par Mullingar entre temps. On a choisi l’Irlande, on voulait le Connemara, voilà tout. Ce voyage s’est écrit de notre arrivée à Dublin jusqu’à notre retour à Paris, heure par heure. Nous voulions repartir de zéro, ce voyage en fut le bon compromis. Il ne fut pas brouillon, pas hésitant, juste bourré d’envie, d’audace et de certitudes. On a roulé le long du front de mer pour comparer les prix de ces petites chambres, jusqu’à trouver la perle à 45euros et nous écrouler de fatigue sur le lit, sans même dîner.

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On s’est réveillé sous les embruns marins, en longeant cette jetée, sautant par dessus les barrières et suivant la direction de cette petite maison au loin. On a emmagasiné ce vent, cette houle et ce ciel gris pour palier la déception du centre ville de Galway. De rue en rue on a fini par retrouver un charme à ce dernier en allant manger dans ce petit restaurant notre meilleure sea food chowder et notre premier fish & chips. De quoi nous réchauffer avant de grelotter sous la fine pluie qui s’abattait en regagnant la voiture et mettant à nouveau les voiles en direction de Clifden pour finir à Letterfrack.


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Si l’Irlande était la solution, si le Connemara en était le résultat, nulle doute que Letterfrack en fut la juste équation pour y parvenir. Nous avons fui la ville pour mieux se fondre dans l’inconnu et le silence de ces paysages, de cette région. Nous ne voulions plus être à leur yeux, juste aux nôtres. On s’est installé là dans cette petite auberge en pensant n’y être que de passage, poursuivre à découvrir tout en se cherchant mutuellement; sans savoir un instant que c’est ici même que tout prendrait sens.

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On s’est laissé porter le long de la Sky Road, de cette route serpenté, à flan de falaise, de champs, de propriétés. On s’est émerveillé de cette palette colorée, de ce ciel menaçant qui fuyait les rayons du soleil qui ne cessaient de percer ces cumulus. On a roulé, on s’est arrêté, on a roulé, on s’est arrêté; comme si nous appuyons simultanément sur le bouton marche et arrêt du lecteur cassette. On ainsi joué jusqu’à ce fameux point de vue ou nous avons éjecté la cassette et somme sortis de la voiture. Le vent glaçant et tourbillonnant n’était que secondaire au regard de la vue qui s’offrait à nous. Nous voulions l’Irlande, celle-ci, celle dont je me souvenais. ♥

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Nous ne voulions pas hier, nous ignorions demain, c’était maintenant. On s’est faufilé sur les petites routes jusqu’à atteindre le bout de celle-ci, celle qui menait à cette grande falaise, celle que nous avions repéré plus haut et dont nous ne démordions pas. On avait besoin de ce brin de folie, de ce sentiment déraisonnable qui nous caractérise. On a gravit cette presqu’île, parfois à flan de falaise, le long des barbelés. On les a enjambé, tu t’es écorché vif mais n’a rien dit et on s’est entêté à poursuivre jusqu’à ce que le vide et la peur m’envahissent. On s’est retiré dans ces grandes herbes et on s’est oublié le temps du coucher de soleil. J’ai inspiré à plein poumons ces embruns marins. Encore et encore. Tu es allé aborder ce berger qui passait là pour rejoindre sa propriété et vous avez discuté comme si de rien, de tout et de rien. Il était prêt à faire demi tour jusqu’à sa voiture pour te soigner, et finalement on est redescendu et à nouveau, on a mis les voiles. On est allé se perdre à Clifden, soigner ton doigts et goûter du Garlic Bread, avant de s’écrouler à nouveau, plus certain et serein que jamais.

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Ce sentiment si tenace, ce ressenti qui se dessinait chaque jour d’avantage avec un peu plus de précision, touchait aujourd’hui son paroxysme. On a petit déjeuner encore une fois face à cette montagne, Diamond Mountain et on a mis les voiles pour la journée. 31 Décembre, et l’Irlande qui nous appartient. Cette fois-ci le soleil semble s’enraciner et présager de cette belle dernière journée de l’année. On roule, on s’arrête, on roule, le refrain reprend. La bande audio ne s’effrite pas au fil des incessants passages, bien au contraire, elle n’en ai que plus lisse et fluide. Je ris de nous voir dans cette entrée de champs, en bord de route, face à ces vaches qui se demandent bien ce qu’on fait là, et toi qui fais les cent pas autour, au téléphone avec la France pour passer dans cette célèbre émission de radio. On avait fui tout cela et voilà qu’au fin fond de l’Irlande, tout nous revient, tout nous rattrape. Et si la fuite n’était en fin de compte que la certitude de notre conviction ? Ils ne savaient pas ? On les a pris de court ? Ils s’y feront. Tout comme nous nous y faisons, nous y complaisons de plus en plus.

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Le ciel s’est assombri, comme toujours en Irlande, comme toujours depuis que l’on a posé un pied sur cette île. La fin de journée s’est couverte alors que nos esprits s’éclaircissaient de plus en plus. On s’est arrêté là et j’ai réalisé en marchant jusqu’à ce petit pont, jusqu’à lever les yeux devant moi, que je connaissais bel et bien l’endroit. Kylemore Abbey. L’étrange sensation que de me revoir 10 ans en arrière, au même endroit, revoir ces souvenirs resurgir. Le lieu n’a pas bougé d’un pouce, tandis que moi…il s’en est passé tellement en dix ans. Oui, c’est étrange de revenir là, tandis qu’on n’y songeait plus. Tout comme cette soirée de la saint sylvestre. Nous ne pensions passer qu’une nuit à Letterfrack et voilà que nous allions désormais y passer notre réveillon, dans ce petit village perdu ou nous étions de loin les deux seuls touristes. C’était incroyable de se trouver là, avec eux, de voir quasi tout le village réuni pour fêter cela dans ce pub, de se sentir intégrer, inviter à trinquer, danser et j’en passe. Nous les avons regardé amusé, heureux de se retrouver sous la jolie voix de cette jeune fille, et sa facilité à passer d’un instrument à un autre. Nous n’attendions rien de ce nouvel an, et pourtant nous avons eu tellement. 2013 s’achevait là, au creux du Connemara, au fin fond de l’Irlande; embarquant avec elle au gré de sa pluie et de son ciel gris les mois précédents, les doutes et les incertitudes pour ne laisser à 2014 que les confirmations et certitudes.

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Au petit matin nous avons mis les voiles. Nous avons tourné une page pour de bon et poursuivit l’écriture de ce voyage, de cette aventure, de nos retrouvailles. Nous étions repartis de zéro en posant le pied à Dublin quelques jours plus tôt mais étions loin d’imaginer qu’il en serait de même à nouveau en repartant de Letterfrack, que nous y laisserions autant de nous. On a bouclé la boucle en revenant à Dublin, au point de départ, sans la moindre once de fuite, mais avec le sentiment serein d’être sur la bonne voie, de l’avoir tracé, d’y avoir fait les fondations nécessaires, durables.

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On a arpenté Dublin en ayant la tête ailleurs, en ayant le coeur encore un peu à l’ouest, au fin fond du Connemara. On a apprécié Dublin sans vraiment s’y fondre, y prendre part comme il aurait fallu, mais qu’importe, puisque même en surface, même à demi mots on a aimé Dublin. On l’a aimé parce qu’elle nous a fait oublier la fin, nous a fait savourer chaque moment, en oubliant que la cassette arrivait à la fin de sa lecture, qu’il faudrait l’éjecter pour de bon avant de la retourner et de l’insérer à nouveau. Dublin ne fut qu’à la fois une porte d’entrée et de sortie à notre histoire. Oui. L’Irlande en fut la solution, le Connemara en fut le résultat, Letterfrack, la juste équation. 

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Nous sommes de ceux qui vivent une histoire peu banale, qui s’aiment entre deux aéroports, deux continent…mais quelle histoire. On a quitté l’Irlande chacun de son côté, il a survolé la Manche et j’ai traversé l’outre-atlantique, avec la promesse d’une date fixe, la promesse de se retrouver dans un nouvel aéroport, une nouvelle ville, un mois plus tard…New York !

4 Comments

  • Katia
    20 octobre 2014 at 9 h 39 min

    Que dire après ce magnifique article.Les mots se bousculent dans ma tête.J’ai envie de te dire mille choses.Que je me répète et je continuerai de le faire, mais quel talent!Tes mots, ton texte, c’est comme lire un livre tellement tes phrases sont belles, tellement ce récit est rempli de mots si bien choisis qui en font une si belle histoire.Et les photos, qui donnent encore plus d’images,qui me font rentrer encore plus dans ton récit.
    Je me souviens avoir vu la video sur le blog de ton chéri il y a des semaines de cela.Quel couple rempli de talents!C’est un plaisir de dévorer ses videos comme je dévore tes textes et tes photos, si on a l’impression de lire un livre en venant ici, j’ai l’impression d’être devant un clip ou un film quand je passe sur son blog.Quels merveilleux souvenirs vous vous fabriquez :D Tellement de talent réuni,si c’est pas la classe ;)
    Et puis cette histoire n’est pas banale c’est vrai, mais quelle belle histoire vous avez l’air de vivre.J’ai connu la distance (beaucoup moins de distance), et je sais comme ce n’est pas toujours facile, je sais combien le regard, les avis des autres est souvent pessimistes, ils n’y croyaient pas et pourtant, regarde où on est maintenant :) Je ne doute pas de vous, de ce si bel amour qui vous unit.Peu importe ce qu’ils en pensent, votre histoire a l’air si belle, malgré toutes ces difficultés qui j’imagine ne sont pas toujours facile au quotidien.Continuez d’être aussi heureux et de m’éblouir par votre super duo ;)

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  • Jolisvoyages
    13 juin 2014 at 18 h 49 min

    Mille excuses pour les fautes ! J’ai pas pris le temps de me relire.

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  • Jolisvoyages
    13 juin 2014 at 18 h 47 min

    Très bel écriture et un bon reportage photo ! Merci du voyage ! :)
    Lili

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    • Vagabondanse
      7 juillet 2014 at 23 h 34 min

      Merci beaucoup Lili ! Et pas d’inquiétude à avoir, je ne me formalise pas pour les fautes, je sais ce que c’est quand on écrit vite et qu’on ne se relit pas ;)

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