La croisière sur le Nil s’entame, et avec elle, ses premières escales : cap sur Edfou ! Quitter la ferveur de Louxor pour la quiétude des rives du Nil et savourer ces premiers embruns de liberté à bord du Steam Ship Sudan. Les premières cartes postales égyptiennes se gribouillent et la première escale d’une petite série, se dessine peu à peu.
Égypte : une journée à Edfou, entre son village et son temple.
Les premières heures de navigation tiennent toutes leurs promesses et nous offrent notamment un panorama incroyable sur la beauté des paysages du Nil. D’une rive à l’autre, les yeux s’écarquillent et on est impatient d’en découvrir encore plus. Notre curiosité sera rassasiée dès les premières lueurs du jour en amarrant sur la rive occidentale de la petite ville d’Edfou.
Edfou et ses ruelles colorées.
Bien que la trame de ce voyage ait été esquissée en amont, nous avons eu tout le loisir de pouvoir la dessiner de plus belle au gré de cette croisière. Ce jour là, le programme de la journée ne démarrant qu’à 8h nous avons eu envie de profiter de ces premières lueurs fraiches pour savourer une sortie matinale. Tandis qu’une partie des garçons improvise un footing le long du Nil, nous choisissons pour le reste du groupe de s’aventurer à la rencontrer de ce petit coin d’Edfou que l’on aperçoit depuis le bateau.
On se laisse aussi vite porter que happer par le serpentin de ruelles colorées qu’arbore Edfou. Il est encore bien tôt et pourtant, les premières âmes se croisent déjà. Nos pieds foulent se sol terreux, cabossé, en slalomant parfois avec charrettes et autres petits tuk-tuk. A peine nous sommes nous enfoncés au coeur de ce petit village que l’insalubrité me saute aux yeux. Vision quelque peu paradoxale que de voir au sol ces détritus en tous genres, aux cotés de ces maisons toutes colorées, rayonnantes. C’est un sentiment étrange dans certains coins et recoins où la quiétude ambiante est couplée à cette architecture « en cours », et pourrait faire penser à une ville bombardée, en reconstruction. Edfou nous offre ce matin là une toute autre carte postale d’Egypte, bien éloignée de celle idéale sur papier lustrée, mais plus fidèle pour ma part à ce à quoi je m’attendais, m’étais imaginée et espérais rencontrer. Comme souvent, comme toujours, pouvoir s’imprégner du pays au plus près, se glisser pour un temps dans son quotidien, son coeur battant.
Les premiers visages se croisent, et tandis que les premiers sourires s’esquissent, certains regards eux, sont plus fuyants. Il y a cette curiosité et cette surprise dans leurs yeux, de voir des touristes par ici, de si bon matin, arpenter les ruelles d’Edfou. Il n’y a pas un chat ou presque, et s’il est évident qu’on ne passe pas inaperçu (!), il est drôle de voir à quel point notre présence se répand comme une trainée de poudre. On a beau essayé de se faire tout petit pour ne pas déranger, c’est peine perdue, et finalement on préfère en rire avec eux ! Rire de voir les sourires s’illuminer en retour des notres, de sentir une nouvelle fois cette bienveillance, cette chaleur humaine, cet accueil jovial, que nous percevrons tout au long du voyage.
Les ruelles colorées d’Edfou auront raison de moi ce matin-là et m’offrirons une balade photographique comme je les aime. Le jour se lève peu à peu et se joue de nous à travers la promiscuité de certaines rues. Les rayons s’engouffrent, se déversent et rayonnent par endroits. La sérénité de certains passages laissent place parfois au mystères d’autres. Les cordes à linge sont comme tirées à quatre épingles et on n’a pas de mal à songer que le linge doit être bien sec depuis un certain temps au vue de la chaleur ambiante. Des coups d’oeil ci-et-là me feront penser à Cuba, à cette vieille Havane populaire, bien loin de l’image lissée de la Havane historique aux ruelles pavées de pierres blanches.
Ce n’est pas anodin finalement, si c’est à Edfou que je réaliserais la majorité d’une nouvelle page de ma série : Portraits d’orient. Je me souviens de cet homme, balayant et arrosant devant chez lui, face à un petit groupe d’hommes assis à l’ombre juste en face et qui ne manquèrent pas de rire aux éclats en voyant ce dernier nous taquiner en essayant de nous arroser lors de notre passage. Ô oui, je me souviens de ce moment tout simple mais qui finalement, permet de briser la glace. Je m’en souviens comme de celui ci-après, cette rencontre avec ces deux petits bonshommes. Ces deux petits garçons plus que ravis de nous croiser et voulant absolument poser pour nous ! C’était si drôle comme scène.
Un moment unique que nous n’aurions pu vivre sans la présence de notre « garde du corps ». En effet, lorsque nous avons eu envie d’improviser cette sortie matinale, même si nous ne comptions pas aller loin et si, entre nous, le village semblait vraiment désert et tranquille à 6h du mat, nous avons du être accompagné par Mina et un collègue, du service de sécurité présent à bord du bateau. En toute sincérité, il était si tôt, il n’y avait tellement personne, qu’on ne s’est absolument pas senti en insécurité et on a très vite oublié leur présence, jusqu’à ce moment précis, cette rencontre avec ce petit garçon. Quelque peu interloqué de nous voir photographier son village, il s’est avancé vers Mina et lui a dit qu’il voudrait bien qu’on le prenne en photo lui aussi. Instant surréaliste et magique, regardez moi ce sourire ! Nous ne nous sommes pas fait prier et c’était drôle de voir ses copains rappliquer ensuite, voulant eux aussi être sur la photo ! Un moment que nous n’aurions surement pas pu vivre si Mina n’avait pas été là et n’avait pas traduit pour nous. Car le petit garçon, ne parlant pas un mot de français, se serait-il spontanément présenté à nous de la sorte ? Je n’en suis pas certaine.
Après une petite heure de balade dans ce joli petit dédale, et avec grand regret pour ma part, il est déjà temps de regagner le bateau pour le petit-déjeuner, avant de repartir pour gagner le coeur de la ville cette fois-ci, à la conquête du temple d’Edou : le Temple d’Horus.
Edfou et le tumulte de sa ville.
Après une balade à pieds à l’aube dans ce coin excentré d’Edfou, c’est en calèche que nous traversons la ville pour nous rendre au Temple d’Horus. La lumière s’intensifie de plus belle, nous ne sommes qu’en début de matinée pourtant, mais déjà, le soleil cogne et sans un cumulus à l’horizon nous pressentons la chaleur nous gagner petit à petit.
Si cette balade en calèche est une aubaine pour moi qui aime plus que tout prendre le pouls d’un pays, d’une ville en m’immergeant au coeur de ce dernier, de celle-ci, dans son tumulte ambiant et palpipant, je ne vous cache pas que je n’ai pas pu dissimuler ma pointe de stress qui ne m’a pas quitté tout du long. C’est un peu fou mais, c’est lors de cette balade que je me suis sentie le plus en insécurité de tout ce voyage en Egypte ! Surprenant, idiot, me diriez-vous. Surement oui, mais je ne saurais que trop le justifier. La balade n’était que de dix bonnes minutes, mais cela a suffit pour me mettre mal à l’aise. Ce jour ci, j’avais opté d’un point de vue vestimentaire pour une combi short arrivant juste au-dessus du genoux, et qui forcément en s’asseyant, remonte légèrement à mi-cuisse, dévoilant quelque peu mes blanches gambettes ! Un détail futile, lorsqu’on est en occident, mais une un détail important en orient. Le plus dérangeant et gênant, fut les regards incessant du jeune garçon (qui sans mentir, devait avoir à peine 12 ans !!) et n’a pas cessé de se retourner en me fixant les jambes, alors même que J. était à mes côtés. De plus, pour la première fois de tout le séjour, nous étions seuls, livrés à nous même sans notre guide Khaled, sans Mina, sans personne. Bien que les calèches soient parties ensemble, chacune à plus ou moins pris son chemin et la notre s’est vite retrouvée prise dans la circulation et on ne distinguait plus aucune autre calèche du groupe. C’est bête, je sais, mais sur le coup, j’ai eu une petite montée de panique ! haha Je me suis dis : ok, on est deux touristes dans une calèche en plein coeur d’une ville qu’on ne connait pas, on ne parle pas un mot d’arabe, le jeune garçon qui nous conduit, le dit garçon ayant un fort penchant pour mes jambes (!), peut nous emmener où il veut en faisant genre que c’est le chemin, on en saurait rien… ne paniquons pas, ne paniquons pas.. haha. Je ne vous cache pas que j’ai eu un petit souffle de soulagement en arrivant au temple d’Edfou et retrouvant les autres.
Edfou et son temple d’Horus.
A peine avons nous débarqué qu’il apparait soudain sous nos yeux, s’élevant au loin. On se hâte à gagner son entrée sous un cagnard de plomb, et d’apprécier au plus près ce fameux Temple d’Edfou ou Temple d’Horus, puisque celui-ci est dédié au dieu Horus et à la déesse Hathor. Néanmoins, tout au long de la visite de ce dernier, au gré des anecdotes de Khaled notre guide, nous ne manquerons pas de raser les murs en quête de moindre petit courant d’air, même chaud, et surtout de la moindre parcelle d’ombre !
Le temple d’Horus est d’ailleurs l’un des temples les mieux conservés à ce jour de l’Egypte antique et on ne tarde pas à comprendre pourquoi en déambulant au coeur de celui-ci. Chacun erre à l’affut de ce que son oeil attire. Les petits historiens, archéologues et autres égyptologues qui sommeillent en nous s’en donnent à coeur joie. Les salles s’enchaînent, les colonnes papyriformes et palmiformes n’en finissent pas d’élever notre regard, les hiéroglyphes et autre bas reliefs se succèdent avec tant de minutie et de conservation malgré les assaut du temps et les coups proférés par les coptes à une époque; que les mots manquent peu à peu pour suggérer ne serait-ce qu’une once, ce que l’on peut ressentir face à ces pages d’histoire, ces prouesses techniques et architecturales. L’apothéose viendra dans un recoins du temple, avec cette petite salle aux marches irrégulières invitant à lever les yeux vers son plafond sublime, orné d’une peinture de la déesse Nout.
D’ailleurs si vous souhaitez en voir davantage, je vous recommande vivement la chouette vidéo des copains Juliette & Gaëtan ou ils parlent du temple et même de notre balade à Edfou, au tout début de la vidéo ! C’est par ici.
Le temple d’Horus, restera pour moi avant tout, le souvenir visuel fort de ce jeu de clair-obscur incessant. Passer constamment de l’ombre à la lumière, d’une pièce à l’autre, découvrir cette allée emplie de puits de lumière et ne pouvoir résister bien longtemps avant d’en jouer photographiquement. Un spectacle onirique mis en lumière quelque part, par cette perspective fuyante de part et d’autre de tout le temple. L’atmosphère n’en est que plus mystique ! Une fois n’est pas coutume, nous ressortirons de cette visite, émerveillés et repartirons au bateau avec de jolis souvenirs en tête et dans un coin de l’appareil, jusqu’à la prochaine escale, la prochaine visite.
Vous pouvez retrouver tous les articles de ce voyage en cliquant juste : ICI !
Un immense merci à Voyageurs du Monde pour cette invitation rêvée et leur confiance, ainsi qu’à mes compagnons d’aventures (coucou la #TeamPyramides ! ) pour avoir rendu ce voyage si mémorable et sans qui l’aventure n’aurait pas été la même !
4 Comments
Jules - Rotdenken
8 juin 2017 at 22 h 13 minJe peux tout à fait comprendre ton moment d’inquiétude, j’aurais eu précisément le même. Mais ce n’était qu’une parenthèse. Quelle sortie, quel parcours, quel périple. J’avoue être beaucoup plus marqué par le village d’Edfou que le temple d’Horus. Et quelque part j’en suis bien content. Bien entendu l’Égypte c’est ses merveilles, les témoignages et traces d’une civilisation fascinante. Mais c’est aussi et surtout un pays et une société : ces gens, ces rues, ces maisons, ces sourires… C’est fantastique de pouvoir découvrir tout cela.
Vagabondanse
11 juin 2017 at 22 h 41 minTu as tout dit Jules ! Et tu as forcément bien du lire entre les lignes, à quel point j’avais adoré cette balade matinale dans les ruelles d’Edfou :) Une immersion comme je les aime, pour mieux comprendre ce pays, ces gens, ce quotidien. Une belle parenthèse !
Ornella
22 mai 2017 at 19 h 57 minJ’imagine ta panique en effet… Et le spectacle du spectacle est rien que sur les visuels plats de tes photos, à couper le souffle alors je n’ose même entrevoir dans ma tête le spectacle en trois dimensions !
Vagabondanse
29 mai 2017 at 22 h 02 minUn sacré spectacle oui, et comme souvent, il faut le voir pour le croire !